L'amant de la veuve
de Radu Aldulescu

critiqué par Pucksimberg, le 20 février 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un roman social roumain
Radu Aldulescu, régulièrement comparé à Céline, est un auteur roumain contemporain de premier ordre.

Ce roman est ancré dans des problèmes sociaux ( chômage, manque d'argent, immigration ... ), tout en puisant aussi dans le genre du roman picaresque. Le roman s'ouvre sur le début des années 60 et permet de se familiariser avec la famille d'un sous-ministre roumain. Son épouse est enseignante. Ils ont trois fils très différents, tout comme leur devenir : Constantin à la scolarité brillante, notre héros Mite, plutôt antihéros et Nicusor le petit dernier qui ne pense qu'à partir aux Etats-Unis pour échapper à cette Roumanie inquiétante. L'aîné deviendra ingénieur, le cadet vivotera dans le milieu ouvrier, le benjamin réalisera son rêve ...
Le lecteur suit Mite dans son apprentissage de l'existence sur un plan social, amoureux/sexuel et humain. L'écrivain connaît très bien ce milieu qu'il décrit avec précision et justesse. Mais que de descriptions ! Combien le lecteur s'en passerait !

L'éducation sentimentale de nos personnages reste ce qui semble le plus palpitant dans ce roman. Notre Mite est précoce et perdra rapidement son pucelage et son grand amour pour une femme plus âgée que lui, la veuve Colivaru, fera de lui un homme. Cette relation le change et conditionnera toute son existence. Les amours s'enchaînent et rien ne se fait dans la norme ... Que d'amours originales et libérées !

L'écriture possède sans doute ce caractère oral que l'on peut aimer ou détester chez Céline. Il y a aussi de belles trouvailles dans le langage, de belles images et quelques passages magnifiques où l'on a le sentiment de frôler le fantastique comme dans certains romans de Zola. De nombreux passages amusent ou déconcertent le lecteur. D'autres passages sont très ennuyeux, c'est vraiment ce qui m'a gêné dans la lecture. Le roman manque de rythme et alterne des passages dynamiques avec des dialogues captivants et des descriptions de la vie à l'usine, des descriptions de détails, d'actions sans but ... On est sans doute très proche du réel par ce biais, mais cela reste fastidieux tout de même ...

L'auteur possède de nettes qualités langagières et joue avec ses narrateurs. On passe d'un personnage à l'autre sans transition, parfois dans un même paragraphe. Il y a toujours un détail qui permet d'identifier rapidement ce nouveau narrateur. Le lecteur ne s'y perd donc pas. Le roman est méritant aussi par ce jeu sur la narration qui apporte beaucoup au roman.