Bâtons, chiffres et lettres
de Raymond Queneau

critiqué par Thomas Fors, le 29 juillet 2003
(Beloeil - 88 ans)


La note:  étoiles
Queneau le sérieux.
Certes Raymond QUENEAU n'est pas tellement lu par les critiqueurs, mais ce n'est pas une bonne raison pour l'ignorer ! Ici je présente brièvement une suite de ses essais repris dans cet ouvrage intéressant. En effet, R. Q. se livre, montre ses connnaissances, ses qualités de critique, de préfacier, d'écrivain inventif. Il se dévoile !
Dans une première partie écrite en 1937, il montre la distance qui existe entre le français parlé (le langage populaire ?) et le français écrit. Il part d'exemples précis pour présenter les différences dans la syntaxe et dans le vocabulaire dans chacun de ces langages. Il termine en osant affirmer que nous écrivons une "langue morte" (je cite). En remarque, il dit un grand bien de "Voyage au bout de la nuit" de Céline : "le premier livre d'importance où pour la première fois le style oral marche à fond de train".
Dans un autre écrit en 1955, il aborde le problème de l'orthographe. "Et s'ils ont modifié l'orthographe de Corneille et de Voltaire, pourquoi ne modifieraient-ils pas la leur, laquelle est absurde ?" (je cite)
Dans une partie consacrée aux préfaces, il analyse avec lucidité "Bouvard et Pécuchet" de Flaubert, "Moustiques" de Faulkner, "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo. A lire par ... les critiqueurs !
Il y a aussi ses lectures pour un front. A lire, pour la même raison.
Puis il déborde de tendresse pour jacques Prévert. Il montre sa grande connaissance de l'oeuvre du poète.
Il parle aussi de pictogrammes pour terminer avec un chapitre consacré à la littérature potentielle (OULIPO). Il parle du problème des contraintes en littérature et des structures (mathématiques) en littérature.
Bon. A vous de voir si Raymond Queneau ne serait qu'un petit comique... Et n'oubliez pas ses exercices de style !
Bonne route à vous.