La musique au fusil développe une approche de la Guerre de 14-18 plutôt originale, puisque le livre s’intéresse de près à la place de la musique dans la société de cette époque et le rôle qu’elle a tenu pour les soldats du front (tous camps confondus).
Il faut dire que l’auteur possède à titre personnel une collection exceptionnelle de « cartes-photos » de l’époque, figurant la plupart du temps des soldats posant en compagnie d’instruments de musique conventionnels ou bien parfois entièrement réalisés avec les moyens du bord. L’ouvrage, largement illustré avec plus de deux cents de ces clichés, est l’occasion de mettre en valeur cette étonnante collection.
À travers ces témoignages photographiques, Claude Riboulliaut analyse ce qui pourrait être considéré comme un paradoxe : la musique instrumentale (et le chant) est extrêmement présente pendant la durée du conflit, en particulier dans le quotidien du soldat. L’auteur montre que le musicien professionnel ou amateur acquiert d’ailleurs à ce moment-là un statut particulier auprès de ses camarades de combat. Le livre explique également que la pratique musicale est fortement influencé par ces années de guerre, à l’instar de la société toute entière. Le brassage des cultures et l’influence urbaine (et en particulier parisienne) provoqueront en effet le déclin progressif de la culture rurale.
Même si j’ai trouvé personnellement que l’écriture de Claude Ribouillault était peut-être un peu trop neutre à mon goût, La musique au fusil s’avère être un document surprenant. Se basant sur cette thématique pourtant très particulière l’auteur nous donne des clés très intéressantes sur la sociologie des années 14-18 et nous rappelle que la musique a de tout temps permis d’adoucir bien des maux à défaut de les faire disparaître.
Fanou03 - * - 49 ans - 12 décembre 2014 |