Claudine s'en va
de Colette

critiqué par Lison, le 21 mars 2014
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Émancipation d'une petite esclave
Après la crise conjugale de "Claudine en ménage", le titre du roman laisse à penser que ladite Claudine va quitter son Renaud de mari. Pas du tout. Je suppose qu’il fallait inscrire le présent ouvrage dans la lignée des Claudine. On joue sur les mots puisque, en fait, Claudine laisse ici sa place de narratrice à Annie, jeune femme timide.
Entièrement soumise à son mari Alain et habituée à ce qu’il lui dicte ses moindres gestes, le départ en voyage pour l’Amérique du Sud de ce dernier laisse Annie désemparée.
Pourtant, au contact de sa belle-sœur Marthe, jeune femme volontaire et débrouillarde, de la très clairvoyante Claudine et d’autres petites personnes peu avares de confidences intimes, Annie commence à s’affirmer et à s’interroger sur son mariage, sur la personnalité d’Alain, sur l’amour qu’elle lui porte.
On retrouve donc Claudine, mais à la troisième personne. Très amoureuse de Renaud, au portrait à peine esquissé d’ailleurs, elle est la confidente et la conseillère d’Annie. En observant ces deux femmes, les seules épargnées par la plume caustique de Colette, on finit par se demander si elles ne sont pas deux facettes de l’écrivain, ou plutôt si la nouvelle ne remplace pas l’ancienne, l'amoureuse cédant la place à celle qui doute. Après tout, ce titre, "Claudine s'en va" peut aussi s'interpréter de cette façon.
À lire aussi bien sûr pour la belle écriture de Colette et pour son portrait sans indulgence d’une certaine bourgeoisie superficielle et hypocrite.