El Bronx
de Jerome Charyn

critiqué par Tistou, le 8 février 2014
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Polar déformé …
Imaginez-vous observer un paysage, un décor, avec des lunettes de vue pas adaptées à votre vision. Sérieusement pas adaptées. Vous distinguez mal. Pas mal de détails vous échappent, les lignes droites sont fuyantes, tout est déformé … Eh bien pareil avec les « polars » ( ?) de Jerome Charyn.
Si, si, c’est pareil. Et je vous garantis que beaucoup de choses vous échappent. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire à propos d’un autre polar du même Charyn que je n’avais pas tout compris … Idem ici.
Avantage néanmoins par rapport aux lunettes pas adaptées : je n’ai pas eu de mal de crâne ! Mais décontenancé je suis resté, c’est certain !
« El Bronx », dans la série du Commissaire Isaac Sidel, est la suite de « Rue du Petit-Ange », précédemment critiqué.
Nous retrouvons donc Isaac Sidel, alias Le Gros Type, alias El Caballo, …, dans sa nouvelle peau de Maire de New York (tant qu’à imaginer !). Un Maire iconoclaste bien entendu. A la recherche désespérée toujours de son seul amour, Margaret Tolstoï (sic), à la recherche de tant de choses à vrai dire … Par exemple d’Aliocha, un tout jeune garçon du Bronx, qui réalise des peintures murales sur les murs de ce quartier du Bronx à la dérive, à la gloire de ses copains. Sidel s’est entiché de ses performances et sillonne New York, et particulièrement le Bronx, du haut de son hélicoptère pour le retrouver.
Et puis des histoires mafioso-politico-économiques, des règlements de compte inter-gangs, des trafics … une atmosphère encore une fois, comme pour « Rue du Petit-Ange » qui m’évoque fortement les réalisations les plus glauques de « Batman ».

« Barbarossa fonça au Yankee Stadium, sirène branchée. On aurait dit la belle époque, du temps qu’Isaac était CP et que Joe commençait juste à faire sa cour à Marilyn la Dingue. Le Gros Type était né pour flanquer le bazar, pas pour gouverner. Il avait l’impression de danser dans la rue. Il y avait foule devant le stade. Isaac ne put s’empêcher de rire. Il était presque heureux … sans Margaret Tolstoï. Il découvrit une image gigantesque sur le mur sud du stade. Paulito Carpenteros, le mouchoir bleu des Bouffons Latinos sur la tête. Et Aliocha n’avait pas représenté Paul sur fond d’un décor idyllique. Il avait recréé le Bronx, son Bronx à lui, depuis le pont de la Troisième Avenue, avec des requins bleus en train de se nourrir dans l’eau, jusqu’au Yankee Stadium et au Castle Motel et une petite boutique de bricolage sur Jerome Avenue, avec un visage démoniaque en vitrine … »