Vies privées, de l'enfant roi à l'enfant victime
de Caroline Eliacheff

critiqué par Rotko, le 25 juillet 2003
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Violences des personnes et des institutions.
Plusieurs cas précis constituent le propos de l'auteure : L'enfant né sous X, l'enfant à qui on a trop parlé de son passé traumatisant, l'enfant victime des négligences et délais des institutions, ou des mauvais traitements des parents. Sur ces cas, on est amené à réfléchir sur les modes de pensée et les façons d'agir courantes dans notre société. Au nom de conceptions figées par la norme, on déclare les parents "bons" ou "mauvais", oubliant qu'ainsi, au lieu de les aider à résoudre des problèmes, on les soumet à un opprobre dont ils ne se déferont plus. Ce qui revient à punir encore plus l'enfant qu'on prétendait protéger.
Il ne faut pas tout attendre de dispositions législatives, dont Catherine Eliacheff pointe avec précision les insuffisances. Quant aux institutions et à leurs représentants, ils commettent aussi des abus de pouvoirs : ainsi la pratique actuelle des droits de visite peut décourager des parents qui, se sentant jugés et bafoués dans leur dignité, en viennent parfois à des abandons définitifs. Eliacheff rappelle que condamner des comportements nocifs ne signifie pas condamner sans appel les personnes.
L'ouvrage est donc stimulant, dans la mesure où il signale aux lecteurs - des privilégiés de la culture, des détresses peu souvent côtoyées. De plus il ébranle des idées trop facilement reçues. En revanche, et c'est là une autre question, réfléchir sur les pratiques éducatives en vigueur dans les milieux dits "normaux" et "favorisés", sera l'objet d'autres lectures.