Rue du Petit-Ange
de Jerome Charyn

critiqué par Tistou, le 5 février 2014
( - 67 ans)


La note:  étoiles
De la série Isaac Sidel
Une partie de l’œuvre, prolifique, de Jérôme Charyn est considérée comme relevant de la littérature policière. C’est la série dédiée au Commissaire Isaac Sidel. « Rue du Petit-Ange » en fait partie. Mais … en fait de roman policier, moi, je le classerais plutôt dans … les inclassables !
Ou alors imaginez qu’on a demandé à Gabriel Garcia Marquez d’écrire un policier se déroulant dans la ville de New York mais baignant dans l’atmosphère qu’on trouve dans les Batman ? Vous voyez un peu ? Eh bien c’est ça. Ca ressemble autant à un policier que moi à … (complétez à votre guise).
D’ailleurs c’est bien simple, je ne suis pas sûr d’avoir compris la moitié des choses tant Jérôme Charyn écrit foisonnant, onirique et sans souci aucun d’une quelconque vraisemblance. Ses personnages ont plusieurs noms qu’on ne se donne pas trop la peine de présenter – je pense d’ailleurs que « Petit-Ange », qui serait apparemment le n° 9 de la série, s’appuie beaucoup sur tout ce qui a pu se passer précédemment mais, hélas, c’est mon premier Jérôme Charyn !
Donc, on peut passer allègrement à côté d’un tas de choses, se retrouver le nez dans une impasse, rebondir néanmoins et, cahin-caha se retrouver au bout du bout avec notre Commissaire Sidel et … finalement ne pas le regretter ! C’est quand même ça le plus étonnant.
C’est que c’est riche quand même. On se rend bien compte que Jérôme Charyn n’a pas l’écriture policière – et tout ce qui s’y rattache – dans le sang. Pas l’écriture policière, mais l’écriture tout court. Un Gabriel Garcia Marquez new-yorkais. Incontestablement.
Le Commissaire Sidel, Isaac pour les intimes, fort de tout ce qui a pu se dérouler dans les épisodes ( ?) précédents, s’est présenté à l’élection du Maire de New York et vient d’être élu. Mais il lui reste un mois avant sa prise de fonction. Un nouveau Commissaire a été nommé, il n’est pas encore maire. Et apparemment, et ça ne semble pas dater d’aujourd’hui, il n’a pas le fonctionnement linéaire l’ami Isaac. Le reste est inracontable. Se mêlent des affaires de mafieux dans l’immobilier, de transfuges roumains sanguinaires, de dingos plus ou moins revendiqués, de SDF plus ou moins organisés …
Vous voulez perdre le Nord ? Lisez « Rue du Petit-Ange » !
Un petit extrait pour la route ?

« Il était commissaire de police, debout dans un refuge pour sans-abri, dont certains s’étaient complètement couverts de draps blancs, comme autant de cadavres dans une morgue.
Il reconnut Isaac, assis sur un des lits, en sous-vêtements d’hiver, en train de griffonner des mots dans un long carnet. Il n’avait aucun voisin pour le gêner. Les lits qui entouraient Isaac étaient vides de toute âme perdue.
« Bonjour, monsieur le Maire.
- Pas si fort, maugréa Isaac. Je suis ici sous un faux nom, Geronimo Jones. Et puis ne me donne pas du monsieur le Maire. Je n’ai pas encore pris mes fonctions.
- Mais vous êtes notre roi, dit La Perruque.
- Il a vraiment fallu que tu l’amènes, celui-là ? demanda Isaac au commissaire. C’est un mercenaire. Je le suspends de ses fonctions et toi tu me le remets dans le circuit.
- Exact, connard, dit La Perruque. Tu n’es qu’un vieillard qui pue. Et je te buterais sans contrat. Je le ferais gratos … Comment va ton gendre, Barbarossa ? Y vend toujours de la drogue aux étudiants ? »