Goliath
de Tom Gauld

critiqué par Fanou03, le 4 février 2014
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Il se nommait Goliath, il était de Gath
Goliath de Gath, engagé dans l’armée des Philistins qui s’apprête à combattre les hébreux, possède la stature d’un féroce guerrier de par sa taille gigantesque, mais n’en a pas du tout l’inclinaison. D’une nature douce et rêveuse, Il préfère en effet avant toute chose échapper à son tour de garde et se consacrer à l’intendance et à l’administration. Il est malgré tout désigné volontaire pour porter un défi aux hébreux : ceux-ci doivent désigner un champion qui affrontera Goliath. De l’issue du combat dépendra le vainqueur de la guerre. Mais qui osera, dans les rangs de l’armée adverse, venir tenir tête à l’impressionnant Goliath ?

Tom Gauld ré-interprète avec bonheur la célèbre confrontation biblique, tout d’abord en faisant dérouler l’histoire quasi-exclusivement du côté du camp des Philistins, et ensuite en prenant à contre-pied la tradition faisant de Goliath un guerrier redoutable. En lieu et place, on découvre un Goliath au caractère effacé et contemplatif, embarqué, sans bien comprendre ce qui lui arrive, dans un plan machiavélique concocté par ses supérieurs.

Tom Gauld, comme à son habitude, construit une ambiance fait de silence, de poésie et d’attente, même si le style de l’auteur perd beaucoup en densité et en complexité. Les lignes s’épurent, les traits montrent un certain dépouillement, les cases offrent de vastes arrières-plans faits de vides et de blancs, assez inhabituels chez l’auteur. Le dessin en devient incontestablement moins typique.

La narration perd sans doute en intérêt graphique ce qu’elle gagne en puissance dramatique. Goliath, en effet, en personnage sympathique et seul, dépassé par les événements et par son propre destin, s’avère particulièrement humain et touchant.

Malgré un style sans doute moins enthousiasmant que celui de certaines de ses œuvres antérieures, Tom garde une place particulière au fond de mon cœur, et son sobre et beau "Goliath", plein de profondeur et de gravité, permet de revisiter avec plaisir un des épisodes les plus fameux de l’Ancien Testament.