Le Prince de la Nuit l'Intégrale : Le cycle des Rougemont
de Yves Swolfs

critiqué par Blue Boy, le 2 février 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Une saga épique parfaitement maîtrisée
Paris, 1933. Vincent Rougemont est en proie à d’affreux cauchemars qui le laissent épuisé, avec cette sensation diffuse que sa famille lui cache des choses fondamentales… Entre son père qui tente d’oublier sa peur par l’alcoolisme et sa mère qui s’enferme dans un silence morbide, le jeune homme va finir par obtenir la vérité de son grand-père, qui va lui remettre un coffre dont le contenu recèle un document maléfique. Transmis de génération en génération depuis des siècles, il raconte le combat acharné entre ses aïeuls et Kergen, le prince vampire dont l’obsession première est de soumettre les Rougemont à sa cause en leur faisant le don d’immortalité. Vincent sera-t-il celui qui mettra un terme à cette lutte aussi féroce que millénaire en précipitant à jamais Kergen dans les abysses du néant ?

Le fait de lire cette bande dessinée dans une version noir et blanc m’aura sans doute permis d’apprécier davantage le trait de cet auteur au nom on ne peut plus prédestiné… dommage que le format poche soit quelque peu frustrant pour un dessin aussi raffiné et détaillé que celui-là. Du grand art, en effet, même si certains pourront arguer d’un certain conformisme, et pourtant... Qu’il s’agisse des personnages, des paysages ou de l’architecture, Swolfs fait preuve d’un réalisme stupéfiant, à la précision si diabolique qu’on se demande s’il n’a pas été mordu lui-même par le personnage de Kergen.

Pour le reste, cette saga fantastique, calquée sur une trame assez académique, est également menée de main de maître. La scénario est parfaitement huilé, jamais ennuyeux, et on se laisse aspirer par cette histoire au classicisme de bon aloi. Le thème du vampire y est traité de façon honnête et respecte à la lettre le mythe stokerien, s’autorisant à jouer avec le contexte historique dans le but de ridiculiser les thuriféraires du nazisme, lesquels cherchaient eux-mêmes à mythifier leur raison d’être. Pas la peine de bouder son plaisir donc, et quiconque durant son enfance a adoré trembler sous la couette à la simple évocation des vampires ne pourra être que conquis par cette série.