Maigret : La Nuit du carrefour
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 1 février 2014
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Hé-hé, Maigret est arrivé ...
Ils sont trois ménages sur ce carrefour, un peu perdu, au milieu de nulle part. Le garagiste Oscar, sa femme et un ouvrier ; les Michonnet, monsieur et madame, assureur ; Carl Andersen et sa sœur Else , d’origine danoise, manufacturier. Un beau matin, Andersen trouve dans son garage la voiture de luxe de Michonnet mais avec à son bord un homme tué d’une balle… « Hé-hé ! Maigret est arrivé-é-é, sans s’presser,hé-hé «. Et comme il est malin comme un singe, il soupçonne assez vite que tout ce petit monde, malgré les apparences, se connaît parfaitement bien. On tire de coups de révolver, à tout va, dans la nuit, dans ce roman de Georges (c’est bien une des rares fois)…

Pan dans le mille ! Bravo Maigret ! Bravo, Simenon !

Extraits :

- Qu’est-ce que t’as à faire une bobine comme ça, Germaine ? … Ah ! les femmes ! … Ça ne peut jamais garder la même humeur pendant deux heures …

- Le parc était tout plein de soleil. Des milliers d’oiseaux chantaient. Le coq d’un petit clocher de village, à l’horizon, étincelait comme s’il eût été tout en or.

- A la Grande Surveillance, Guido Ferrari passait son temps à attendre l’arrivée de l’avocat, porteur de grâce. Mais, un matin, ce furent cinq hommes qui l’emmenèrent, gigotant et hurlant. Il refusa la cigarette et le verre de rhum, cracha dans la direction de l’aumônier.
Maigret et Lucas dans le 91… 8 étoiles

Résumé :
Le carrefour des Trois-Veuves, près d'Arpajon (Essonne), est un endroit assez isolé. On y trouve deux maisons celles des Michonnet et celle des Andersen et un garage dont le propriétaire est un dénommé Oscar, un ancien boxeur dans la trentaine.
Un dimanche, dans son garage, Carl Andersen fils d'une riche et aristocratique famille danoise trouve la voiture de son voisin Michonnet et, dans celle-ci, le cadavre du diamantaire anversois Isaac Goldberg. Quant à Emile Michonnet (la cinquantaine), agent d'assurance, il a dans son garage la voiture d'Andersen…
Pendant dix-sept heures, le commissaire Maigret interroge Andersen, qui nie et soutient ne rien comprendre à cette affaire. Il est finalement relâché.

Parmi les vingt-quatre romans (sept lus) parus en 1931, treize sont sous pseudonymes et onze sont signés Simenon. Faute de date précise sur la rédaction des treize premiers, je suis enclin à penser quand même, qu’ils sont étés rédigés pendant ou avant 1930. Mais c’est pour moi dans ces onze derniers, que l’auteur approche selon moi, l’excellence. Et c’est donc en juin qu’a vu le jour, « La nuit du carrefour » où Maigret essuie les plâtres d’un interrogatoire de dix-sept heures, face à un Andersen stoïque
Cette enquête sans effet de manche, révèle un Simenon facétieux et scrupuleux donnant au recto et au verso des pages cet art inimitable de savoir conter une histoire afin d’accrocher le lecteur d’hier et d’aujourd’hui.

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 8 janvier 2017