Les clefs du pouvoir sont dans la boîte à gants
de San-Antonio

critiqué par Killeur.extreme, le 29 janvier 2014
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
La politique vue par San-Antonio, c'est pas jojo.
Horace Tumelat Président du R.A.S. est un politicien tumultueux qui pourrait être le prochain Président de la République (l'action se passe pendant la campagne de 1981), mais celui-ci doit composer avec sa vie privée et celle de son entourage: son secrétaire Eric Plante trainé dans la boue à cause de son inexpérience politique (Plante est un ancien photographe) et de ses moeurs (homosexualité) par la journaliste-pamphlétaire Eve Mirace (nom de famille Miracle), son ancienne secrétaire-maîtresse Ginette Alcazar qui a tenté il y a un an de tuer la jeune maîtresse-fiancée de Tumelat, Noëlle Reglisson 17 ans (celle-ci garde de l'agression des brûlures au visage) en mettant le feu à l'endroit où il se rencontraient se meurt d'un cancer et sa femme qui n'est pas décidée à divorcer à renoncer à son amant pour reprendre sa place de légitime... (l'intrigue étant trop complexe pour être résumée en quelque lignes, je renvoie directement au livre).

Si ce roman est la suite de "Y a-t-il un Français dans la salle?" (j'ai vu l'adaptation cinématographique de Mocky avec notamment Victor Lanoux dans le rôle de Tumelat et Jacques Dutronc dans celui d'Eric Plante). Dans sa préface, l'auteur précise qu'il n'est pas nécessaire de lire le roman précédant pour aborder la lecture de celui-ci et c'est vrai car si l'action se déroule un an après les faits du premier roman, San-Antonio ne laisse jamais le lecteur en plan et plusieurs fois dans le récit rappelle les faits qui se sont passés l'année précédente (et avoir vu le film m'a confirmé que l'adaptation était fidèle).

Pour ceux qui pensent que San-Antonio n'est qu'un auteur de polars où l'humour, la gaudriole, la violence cohabitent avec une certaine folie absurde et un langage inventif, certes il l'est aussi, mais c'est aussi un Grand Ecrivain qui dresse dans ce livre un portait au vitriol de la politique du pouvoir, des médias, de la société et si le livre n'est pas signé Frédéric Dard (San-Antonio étant le pseudonyme qu'il utilise pour les aventures du commissaire éponyme, mais pas Azelma, Victor Hugo si tu nous regardes, mais il signe de son vrai nom des romans plus sérieux réalistes dramatiques et écrits en français plus "classique", "le Monte-charge", "les scélérats", notamment) c'est que depuis "Y a-t-il un Français dans la salle?", il a décidé de signer tout ses romans San-Antonio et de "fusionner" ses deux styles. On pense souvent à Céline (l'auteur pas la chanteuse, Alain Chabat si tu nous lis) pour sa critique corrosive de la société et l'humour vachard, mais un Céline qui croirait encore à quelque chose, un Céline qui n'aurait pas perdu (toutes) ses illusions. 5 étoiles parce qu'on ne peut pas mettre plus.