Sonde ton coeur, Laurie Rivers
de Stéphane Bourguignon

critiqué par Libris québécis, le 26 janvier 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La femme dans un village mormon
Stéphane Bourguignon sait sonder les cœurs, en l’occurrence ceux d’un bled de l’Idaho. Enfoui dans un corridor entre les montagnes, le village résiste aux désirs charnels. Dans ce microcosme agricole, la secte mormone discrédite la sexualité, mais elle ne peut empêcher les cœurs de bouillonner.

Le roman reflète la mentalité sournoise qui prive la gent féminine de sa plénitude. Dans un corollaire impliquant Laurie Rivers, une institutrice, et Alice Hobbard, son élève obèse de 15 ans, l’auteur souligne à gros traits le fatum réservé aux femmes en quête de leur corps pour se réaliser. Pour être solidaire de son enveloppe charnelle, Alice se rend désirable grâce à une méthode mise au point par son enseignante. Son épanouissement n’est pas sans mettre en cause celui de Laurie, qui lui a ouvert les portes de la libération. Mais la femme peut-elle se délivrer de ses chaînes ? Trahisons, déceptions, abandons, manipulations, renoncements obligés composent l’existence au féminin que les sectes bien organisées et les mères bien intentionnées flanquent d’œillères.

Peut-on faire le bonheur des autres et se sauver soi-même dans un tel contexte ? Le roman fournit les éléments pour que le lecteur réponde par lui-même à cette question, mais la forme porte ombrage au propos, L’auteur multiplie les péripéties en les hachurant de mises en abîme par des raccourcis, dont les liens se précisent après coup. Le plaisir est gâté par ces coupures indues des séquences narratives, parfois entachées d’erreurs grammaticales. Dommage ! Malgré les bémols, Stéphane Bourguignon démontre bien que l’amour et la mort constituent les revers de la même médaille.