Le pote
de Germain Rallon

critiqué par Epolivier, le 16 avril 2014
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Manuscrits oubliés 14-18: Le Pote G. Rallon, le récit d'une amitié
Un roman autobiographique à la troisième personne. De très belles pages qui constituent un hymne à la nature et à la paix dans l'enfer des tranchées. Imprimé à compte d'auteur en 1938, Le Pote, 1916 n'avait jamais été édité et son intérêt était resté confidentiel. Le roman est centré sur la forte amitié entre Rallie (on n'a pas de mal à y reconnaître Rallon lui-même) et son « pote », Bouboule, « un gros soldat, un rouquin à la démarche pénible ... » Nous sommes sur le front et nous voyageons de Nancy à Verdun. Écrit à hauteur d'homme et à ras-deterre par un homme qui a fait cette guerre, c'est le quotidien des combattants qui est au coeur de l'écriture : alcool, nourriture, poux, rats, saleté, peur, horreur des batailles, paysages, relations entre soldats et avec les civils, sexualité et amour mais aussi critique des supérieurs ainsi que de la conduite et de la nécessité de la guerre. Pas de haine de l'ennemi, en tout cas, dans ce roman où deux soldats essayent seulement de tenir coûte que coûte. Sa sincérité, sa description du conflit qui y est tout sauf un décor, méritent en tout cas largement qu'on le lise encore. Il pose aussi le problème, si fréquent et toujours d'actualité, du rapport entre expérience militaire et fiction. L'auteur : Germain Rallon (1896-1945) passa l'essentiel de sa vie entre Aubigny, où il est né, et Thénezay, où il fut instituteur et directeur d'école, dans la Gâtine deuxsévrienne. Combattant pendant la Première Guerre mondiale, il fut blessé et fait prisonnier durant la bataille de Verdun. Imposant, caractère entier et bon vivant, ce fut aussi un homme engagé : socialiste, membre de la Ligue des Droits de l'Homme et franc-maçon. Cette dernière appartenance lui valut d'être révoqué par le régime de Vichy en 1941. Il fut aussi l'auteur de trois romans dont L'Ouche aux brebis édité par Gallimard en 1941 et de nouvelles.