Dans la peau d'un jeune homo
de Hugues Barthe

critiqué par Blue Boy, le 25 janvier 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Une bande dessinée qui ne plairait pas à Poutine…
Hugo est un adolescent presque comme les autres, mais il préfère la compagnie des filles à celle de ses copains. Il ne se sent pas « folle-dingue » mais se retourne sur les garçons. Hugo a 14 ans et il se demande s’il est gay. Doit-il en parler à sa mère ? à sa grand-mère ? à sa meilleure amie ? à la France entière dans une émission de télé ? Doit-il tenter une expérience avec un garçon ? ou espérer que ses penchants lui passent ? Découvrir et assumer son homosexualité est une aventure extraordinaire… et périlleuse. Hugues Barthes nous la raconte en se souvenant de sa propre adolescence.

Cette évocation de l’adolescence de l’auteur en train de découvrir son homosexualité est plutôt sympathique. Hugues Barthe a pris le parti de l’humour, évitant ainsi de tomber dans le pathos. L’auteur a eu la chance, il est vrai, d’être né dans un milieu relativement ouvert, même si sa mère, qui se voulait pourtant large d’esprit et avait même des amis gays, a persisté à nier l’évidence, confrontée à ses propres contradictions, jusqu’à ce que son fils soit obligé de lui dire à haute voix : « Maman, j’aime les garçons ». Celle-ci va mettre quelque temps à digérer la nouvelle, passant par des phases de reproches, de culpabilité et de déprime avant l’acceptation, tout en gardant au fond d’elle l’espoir que cela ne soit qu’une passade… Comme quoi on peut avoir l’air tolérant en se disant que ça n’arrive qu’aux autres, et accuser durement le coup lorsqu’on est directement concerné… Et contre toute attente c’est finalement le père, avec qui le fils a plus de mal à communiquer, qui prendra la chose avec le plus de philosophie.

D’un point de vue visuel, j’ai été un peu moins séduit. Si le trait en noir et blanc, fragile et minimaliste, est bien adapté à ce type de récit, il ne m’a pas vraiment emballé, et le minimalisme n’a rien à voir là-dedans. Mais au final, il faut reconnaître que ces anecdotes nous touchent par leur sincérité et permettent de dédramatiser le débat, alors que, comme le montre bien la bande dessinée, l’homosexualité d’un fils ou d’une fille ne sera jamais un événement tout à fait anodin dans toute structure familiale basée sur la descendance, si bienveillante soit-elle… Une bande dessinée à conseiller autant aux jeunes homos qui se cherchent qu’aux parents concernés.