La trahison d'Einstein
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Pucksimberg, le 22 janvier 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un dialogue intelligent entre Einstein et un mendiant
Dans le New Jersey, sur les rives d'un lac, un Vagabond se moque d'un homme qui semble peu doué avec son voilier. Cet homme c'est Albert Einstein. Ces êtres que tout semble opposer vont se lier d'amitié et discuter. Le génie scientifique lui confie ses inquiétudes quant à ses découvertes. Il redoute que l'Allemagne obtienne l'arme nucléaire et souhaite en avertir Roosevelt dans une lettre. Lui qui est un fervent défenseur de la paix, prend conscience que ses découvertes risquent d'entraîner des milliers de morts. Un véritable cas de conscience traité avec énergie, humour et philosophie.
O'Neill du F.B.I. n 'est pas loin et souhaite soutirer des informations sur ce physicien apatride. Enstein va-t-il transmettre des informations aux Allemands ? Est-il un traître ? Quelle est sa part d'humanité ?

Cette pièce de théâtre est très agréable à lire. Les dialogues sont vifs, les répliques fusent et le lecteur se plaît à imaginer cette rencontre improbable entre ces deux hommes qui ont tout de même quelques points communs. L'humour est l'une des armes que le dramaturge a choisie afin de rendre ces discussions plaisantes. De plus, le lecteur a le sentiment d'entrer dans l'intimité de cette grande figure du XXe siècle. Intelligemment, Eric-Emmanuel Schmitt évoque certains points historiques et scientifiques sans tomber dans des dialogues didactiques et ennuyeux.

En ressuscitant cette figure emblématique, le dramaturge pose des questions essentielles sur l'homme et sur son devenir, sur la science et ses conséquences parfois désastreuses. Certaines réflexions sur la bombe H inquiètent fortement et l'on sent que derrière certains dialogues légers se cachent en réalité des questionnements graves.

On imagine aussi parfaitement toutes les possibilités de mise en scène grâce aux indications scéniques dans l'ouvrage. La fin devrait être touchante et belle visuellement. La pièce est actuellement jouée sur Paris avec Francis Huster dans le rôle du scientifique, Jean-Claude Dreyfuss dans celui du Vagabond. Des choix prometteurs !
plaidoyer de tolérance 9 étoiles


Le juif Albert Einstein a-t-il trahi les Etats-Unis, sa patrie d’adoption ? On le soupçonne d’être plutôt proche des thèses communistes.
Eric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord révélé par le théâtre ; sa première pièce, La nuit de Valognes, date de 1991. Elle lui valut le succès. Deux ans plus tard, il obtient le Molière du meilleur auteur avec Le visiteur. Le Grand Prix du Théâtre de l’Académie française lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre. Un roman qui connut un grand succès, Oscar et la dame rose, fut adapté au théâtre et au cinéma. Outre dans celui de romancier, il montre son talent dans des essais et des nouvelles. Naturalisé belge, il devient membre de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique en 2012.
On retrouve Albert Einstein à quelques moments de sa vie : en 1934 où il prêche le pacifisme, en 39 où la guerre menace. Il a la possibilité de créer la bombe nucléaire, mais les savants d’Hitler cherchent la même chose, c’est pourquoi la Tchécoslovaquie est envahie car son sous-sol détient de l’uranium ! Il faut donc convaincre Roosevelt d’entrer en conflit contre l’Allemagne. Quelques années plus tard, c’est Hiroshima et Nagasaki. Là, Einstein n’est plus d’accord, il y a trop de victimes innocentes : son pacifisme reprend le dessus. Mais les services secrets américains le suspectent d’être trop proche des thèses communistes, voire, ils voient en lui un espion.
Toute la pièce tient avec trois personnages : Einstein, un vagabond qui représente l’américain moyen et O’Neill, un agent secret du FBI. Ils se retrouvent sur un banc…
Pas mal de situations et de dialogues qui prêtent au sourire, ce qui alimente le plaisir du lecteur/spectateur.

Ddh - Mouscron - 82 ans - 1 août 2014


Un petit arrière-goût de déjà lu et entendu. 6 étoiles

Le livre est certes plaisant à lire mais la teneur des "idées" philosophiques (ou non) sur les dérives de l'utilisation du nucléaire est un sujet déjà maintes fois abordé. Dans ce type de rencontre entre deux mondes que rien ne rapprocherait de prime abord (Einstein et un vagabond), je préfère Steinbeck ( Des souris et des hommes) ou C. Jacq (Le moine et le vénérable).

Usdyc - Bruxelles - 67 ans - 26 février 2014