Ni droite ni gauche: L'idéologie fasciste en France
de Zeev Sternhell

critiqué par Vince92, le 11 juin 2015
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
L'idéologie fasciste en France
Publié pour la première fois en 1983, Ni droite, ni gauche a été et reste un livre important dans l’historiographie des idées politiques de la France du XXème siècle. Important car il a permis de soulever un débat nécessaire sur la genèse de l’Etat français et de la collaboration pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Cette période difficile du pays a toujours été considérée par la plupart des spécialistes comme un accident né d’une situation particulière, celle de la défaite face à l’invasion allemande. Or, et c’est la thèse de Zeev Sternhell, les ferments du régime autoritaire du Maréchal Pétain existaient bien avant les années 40. Sternhell les fait remonter à la naissance de la droite révolutionnaire, la grande sœur du fascisme en France à la fin du XIXème siècle : le nationalisme exacerbé, la critique du matérialisme marxiste et la dénonciation de l’affaissement moral de la nation sont les thèmes récurrents de la critique de la droite révolutionnaire. Loin de se borner au traditionnel découpage de la droite selon René Rémond, Sternhell fait vivre une composante supplémentaire qui, paradoxalement, vient de la gauche marxiste et veut dépasser justement le marxisme en cristallisant le point commun à toutes les classes : la Nation. C’est ainsi qu’avant la Première Guerre Mondiale, Le Cercle Proudhon amené par George Valois, Sorel ou Berth va énoncer des théories sociales . Marcel Déat fera de même entre les deux guerres et le grand chambardement du Second Conflit Mondial montrera que les tenants de ce fascisme à la française auront pu un moment mettre leur idées en application…. les taches indélébiles de la Collaboration auront longtemps mis toutes ces idées et ces réalités sous le boisseau de l’opprobre sans que l’on cherche à comprendre les origines ni les motivations de ce que Sternhell nomme un peu trop facilement fascisme. Par ailleurs, l’auteur a trop tendance a prendre des raccourcis et amalgame des personnages aussi différents que Mounier (directeur de la Revue Esprit) ou Doriot, venu du PC et dirigeant principal du PPF, pour le coup véritable parti fasciste.
Sternhell régulièrement se fait sermonner par les historiens hexagonaux, ainsi est paru en 2014 un ouvrage par Michel Winock et d’autres historiens pour dénoncer les méthodes non historicistes de Sternhell.
Même si les thèse de l’historien israélien doivent être prises avec les pincettes qui s’imposent, ce livre a le mérite de mettre en lumière certains aspects des idées politiques qui sont généralement occultées et ignorées.