Toujours avec toi
de Maria Ernestam

critiqué par Yotoga, le 19 janvier 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
Une histoire d'amitié, plus forte que tout
Inga, photographe suédoise perd son mari et après deux ans de deuil, décide de prendre du repos dans la maison de vacance familiale dans l’ile de Mastrand. Nous sommes en 2007 et Inga replonge dans ses souvenirs d’enfance au bord des côtes. Dans la remise au fond du jardin, elle trouve une boite à chaussures avec des coupures de journaux et une lettre datée de 1916, du Kenya. Inga décide de rechercher l’histoire de sa famille et part interroger les survivants. En comprenant certains secrets et découvrant les racines de sa généalogie, Inga se fixe sur autre chose et cela facilite le passage du travail de deuil à l’envie de recommencer une nouvelle vie.

Prochain chapitre, 1959, une certaine Rakel se remémore sa vie de la fenêtre d’une maison de repos. La vielle dame passe du présent au passé sans interruption et son récit commence en 1916, dans une ferme suédoise, chez ses parents.

Entre les chapitres Rakel/Inga, l’auteur intercale des citations de chef de marine allemande, anglais, suédois et russe, sans que l’on ne sache pourquoi. Juste à la fin, le mystère sera élucidé. En attendant, ces passages sont forts en histoire.

Ce roman à deux voix se lit agréablement. L’histoire est tellement bien menée que j’ai dû prendre des notes pour reconstituer cet arbre généalogique sans faille. Les mystères entre les prénoms, surnoms et changement de noms ne rendent le récit que plus intéressant et riche en intrigues. Comme déjà remarqué dans d’autres livres de l’auteur, riches en rebondissements, avec M. Ernestam, on ne s’ennuie pas. Rakel et Inga, toutes deux en repos de l'âme ou du corps, se retrouvent dans leur histoire commune.

Le lecteur en apprend beaucoup sur les croyances religieuses du début de siècle dans le nord de l’Europe et sur la position politique de la Norvège pendant la première guerre.

J’ai particulièrement aimé la sensibilité du travail de deuil, amené en douceur mais vu de l’intérieur, et comment Inga arrive petit à petit à couper les ponts avec son ancienne vie pour en construire une autre, nouvelle et sans poids de connaissances non appréciées mais forcées. Par exemple, page 375 : « une connaissance de passage lui fit remarquer que ces images étaient exposées depuis longtemps, et qu’à force de ne pas se renouveler, on risquait de ne plus surprendre son public et de le perdre. Elle répondit par un sourire aimable. Lorsque cette même connaissance lui demandant si elle n’avait pas perdu quelques kilos, « enfin, si c’est encore possible », elle rétorqua que c’était surement le cas. Puis elle raya un numéro de plus dans son carnet d’adresses. »