La France en guerre
de Rudyard Kipling

critiqué par JulesRomans, le 7 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Les tranchées c'était une sorte de jungle
De Kipling la littérature patriotique retient sa description de la cathédrale de Reims en ruines, en effet ce passage est très connu sur le moment où il l'écrit et le restera. Certes il a visité d'autres lieux du front mais il reste imprécis sur leur situation géographique à notre grand regret. En plusieurs circonstances l'empire anglais des Indes est évoqué, tant cet univers l'habite.

« C'étaient des Mahométans étonnamment semblables à une demi-douzaine de nos Indiens des frontières, même s'ils ne parlaient aucune langue accessible ». (page 32)


« Nous aurions pu être dans les collines de Mussorie, et je ne comprenais pas ce que nos voitures espéraient y faire » (page 65)

« Il fallut tirer la mule par la queue pour la faire redescendre avant qu'elle ait atteint les branches les plus basses, puis elle reprit son chemin dans les bois, les caisses de munition tintant sur le dos, exactement comme si elle rejoignait sa batterie à Jutogh » (page 66)

Le ton est très valorisant pour l'héroïsme des Français et présente systématiquement les Allemands comme des êtres criminels et malhonnêtes. Ses chroniques de guerre sont publiées en six épisodes dans le "Daily Telegraph" en Angleterre et dans le "New York Sun" aux USA.

Il manque dans cet ouvrage le texte où Kipling déclare au nom de son fils mort pour la patrie:

« Si quelqu'un veut savoir pourquoi nous sommes morts,
Dites-leur : parce que nos pères ont menti ».

Ces phrases sont l'indispensable contrepoint à ses discours patriotiques. Rappelons que l'auteur avait réussi à faire engager son fils très myope, du fait de ses relations. Ce dernier mourut lors du premier assaut. Ce n'est qu'en 1998 qu'il fut retrouvé près de Loos.

Par ailleurs il déclara au sujet de son engagement franc-maçon :

« je suis rentré en maçonnerie présenté par un Indou, initié au second degré par un mahométan, au troisième degré par un anglais et notre tuileur était un juif indien ».

Sa présence fréquente, dans l'après-guerre, sur le sol français, dans l'espoir de retrouver le corps de son fils, l'amène à créer une loge à Saint-Omer en 1922.