Visite sur les trois fronts, Aperçu des lignes britanniques, italiennes et françaises
de Arthur Conan Doyle

critiqué par JulesRomans, le 3 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Aucune armée alliée ne se voit appelée Arthur par Conan Doyle
Comme Kipling (voir de ce dernier "La France en guerre"), Arthur Conan Doyle rejoint le War Programm Bureau ; il s'agit d'un organisme confié à la direction de Charles Masterman journaliste et homme politique libéral (le Premier ministre de l'époque est d'ailleurs un représentant de ce courant politique). Cette création est heureusement présentée dans la préface. On regrettera que la méconnaissance en particulier de l'action de propagande du Centre de renseignements militaire de Réchésy (dans le futur Territoire de Belfort), avec en particulier l'action du dessinateur alsacien Hansi, fasse écrire ici au sujet de l'action psychologique:

« En France, dans ce domaine, rien n'est prêt. La seule contribution notable sera le lancement de tracts par des avions au-dessus des lignes ennemies » (page 11)

L'essentiel de la biographie d'Arthur Conan Doyle est utilement proposée. Arthur Conan Doyle avait participé à la Guerre des Boers comme médecin. Lors de la Grande Guerre, il perd son fils aîné. Ce dernier avait été grièvement blessé lors de l'automne 1916 et il décède en octobre 1918.

Arthur Conan Doyle présente dans cet ouvrage (la version anglaise paraît dans un livre) en environ 20 pages successivement certains aspects des armées britannique, italienne et française. Dans"Visite sur les trois fronts", on parcourt le front français tenu par les Anglais puis celui tenu par les Français et enfin le front italien.

Fort à propos il est rappelé que le Royaume-uni ne passe à la conscription qu'en mars 1916, avec la possibilité (très rarement accordée) de se déclarer objecteur de conscience. On retiendra, pour cette partie, en particulier la description d'Ypres comparée à celle des ruines de Pompéi.

Arthur Conan Doyle fait beaucoup pour redorer le blason de l'armée italienne, pas toujours à son avantage face aux troupes autrichiennes. Faute de pouvoir trop louer la combativité des soldats outre-alpins, il met en avant leur ingéniosité :

« (…) quand j'étais sur les lignes britanniques, on testait une façon d'écarter le fil de fer barbelé. L'expérience était neuve et suscitait un grand intérêt. Mais, sur le front italien, j'ai découvert que ce même système avait été mis à l'épreuve depuis de nombreux mois. Dans l'usage des gilets pare-balles pour les soldats du génie et d'autres hommes qui travaillaient exposés, les Italiens sont également en avance sur nous ». (page 50)

On se plaira à lire le portrait d'un Clemenceau sans avenir de responsabilité politique selon l'auteur (pages 62 et 63). Le texte en question, comme l'ensemble des autres, fut lu par les Français à l'été 1916, soit un peu plus d'un an avant que Poincaré n'appelle Clemenceau au poste de Président du conseil. Arthur Conan Doyle termine par un hommage très appuyé à l'armée française.