Les Désirs de Jean Servien
de Anatole France

critiqué par Nathafi, le 17 janvier 2014
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Un parcours laborieux
Jean Servien perd sa mère alors qu'il n'est encore qu'un bébé. Avant de mourir, elle demande à son époux de veiller à ce qu'il ait une éducation et apprenne le latin.

Son père, relieur de son état, confie dans un premier temps son fils à sa soeur qui vit à la campagne, mais le manque et l'envie de retrouver dans les traits de l'enfant ceux de la femme qu'il a tant aimée l'obligent à les faire revenir tous les deux près de lui, à Paris. Conformément aux dernières volontés de son épouse, il veille à ce que Jean s'instruise.

Ce court roman d'Anatole France nous expose la vie de ce jeune homme. De condition plus que modeste, il rêve de fastes et d'une vie oisive, de costumes élégants, et de... Gabrielle, une actrice qui lui fait tourner la tête. Aux prises avec sa passion, il ne pense qu'à l'assouvir, et les efforts de son père pour en faire un Monsieur, lui offrir une bonne situation grâce à ses quelques relations, sont constamment voués à l'échec.

Jean est un doux rêveur, il s'abreuve de lectures romantiques et de poésie, idéalise l'être aimé, souffre intensément, et croit vivre... Il n'est pas aidé non plus par ses rencontres, son "professeur" de latin, un vieil Italien bohème, l'entraîne dans sa vision du monde et ne se rend pas compte de l'emprise qu'il a sur le jeune homme.

Anatole France conte ici cette vie intérieure avec justesse et finesse. Peu tendre avec la gent féminine (la tante, Gabrielle...), il excuse ainsi la gaucherie de son personnage, sa fragile psychologie, et le rend attachant.

Premier livre d'Anatole France que je lis (hormis quelques nouvelles), et sûrement pas le dernier.