Jeanne d'Arc racontée aux enfants (+ un CD)
de Raphaël Dargent, Florent Vincent (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 21 janvier 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Jeanne d'Arc martyrisée deux fois par l'Église : le bûcher et le titre de sainte
Il s’agit d’une présentation qui prend l’aspect du conte dans la mesure où l’intervention divine est présentée comme historique (sic), et ce n’est pas cette excellente phrase (rapidement parcourue par le jeune lecteur) qui va venir remettre en cause l’univers mystique développé :

« C’est alors que Jeanne a connaissance d’une prophétie qui court dans le village : cette prophétie attribuée à Merlin l’Enchanteur, prétend que le royaume perdu par une femme serait relevé par une vierge des marches de Lorraine ». (page 14)

On aurait attendu à la suite de cela, un passage qui aurait dit qu’à partir de ce moment on va raconter les évènements tels que la Pucelle pense les avoir vécus et que, imprégnée par des discours qui annonçait qu’une femme sauverait le royaume de France et sa foi religieuse, Jeanne d’Arc avait pu croire à une manifestation divine qui ne peut être certaine. Si on ajoute qu'un chapitre s'intitule "le martyre" on reste dans un univers de références chrétiennes.

Ce n’est pas en fin d’ouvrage la page 73, qui en posant la bonne question de la réelle personnalité de la Pucelle, vient introduire un soupçon de pensée mécréante. Au contraire à une autre page, on y parle de prodiges accomplis par la force de sa foi.

Il est à noter qu’au cours du récit, il est renvoyé régulièrement à un passage du CD et que les intervenants sont, outre le narrateur, Jeanne d’Arc et des personnages qu’elle a fréquentés.
Comme tous les livres de cette collection, l’iconographie est le fruit d’une grande diversité et permet une lecture autonome pertinente de chaque document : objets d’époque, peinture d’histoire, gravures et vitraux de diverses époques, photographies de lieux où est passée Jeanne d’Arc dans leur état autour de l’an 2 000 et reconstitution très pédagogique de personnages précis, d’une scène connue, cartes géographiques…

Sur une même page on développe de façon autonome par écrit un ou deux points en les annonçant par un titre parlant. Des alliances entre texte et iconographie s’avérant un peu téméraires, sont toujours du meilleur effet global. Ainsi en est-il d’une photographie de notre époque du cours de la Meuse dans le village de Domrémy avec un poème de Péguy.

Le contenu est globalement très riche et d’un aspect très attrayant ; des effets particuliers, comme une imitation d’une écriture ancienne pour les caractères d’imprimerie, sont du meilleur goût.

"Jeanne d’Arc racontée aux enfants" pourrait être introduit par la lecture de "Jeanne d'Arc et le roi sans couronne" d’Ugo Pinson (un ouvrage que nous avons déjà critiqué), afin de donner aux enfants un certain nombre de pré-requis historiques et offrir une piste de réflexion sur ce qui pourrait distinguer les faits historiques de la légende et du conte. Bref une lecture fort utile des pages en question avant d'aborder le ton hagiographique de "Jeanne d'Arc racontée aux enfants".