Petit précis de l'islamophobie ordinaire
de Nadia Henni-Moulaï

critiqué par Bolcho, le 15 janvier 2014
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
L'islamophobie est aussi une religion...
On a eu l'antisémitisme. On a aujourd'hui l'islamophobie. C'est ainsi que passent les crises : les dirigeants désignent au peuple des « méchants » fantasmés qui serviront à détourner la révolte sociale.

Donc, la France (et d'autres...) sont devenus islamophobes. Pas besoin de connaître l'islam pour cela, au contraire. Ce livre le montre bien.
Par le biais de quelques mises en situation racontées avec autant de légèreté que de vraisemblance, l'auteure nous met dans la peau de femmes et d'hommes de confession musulmane (ou supposés l'être) confrontés à la bêtise ambiante. Quelques titres de chapitres très parlants : « Les voilées font du ski », « Halalement vôtre », « Cachez cette barbe », « Ramadan surprise ! », etc. A chaque fois, le « Français-de-souche » (et aussi vif qu'une souche...) déverse ses préjugés.

Mais il est clair que le monde politique local y est pour quelque chose, lui aussi.
La dernière « nouvelle » du récit le montre bien.
Allez, un petit aperçu pour vous mettre en bouche.

Nous sommes donc en France, juste après la défaite de Zyrkosar aux élections présidentielles. Son parti - le PMU – est en crise. Il doit élire un nouveau patron : « D'un côté François Flinol. L'homme est plutôt calme et solennel. De l'autre, Jeff Ecopp. Pugnace tel un roquet, le candidat incarne la droite décomplexée, comme il aime à le répéter. »
Alors, Jeff Ecopp va utiliser la peur de l'islamisme pour se mettre en vedette : « Ecopp en meeting, c'est un peu le mix entre Zyrkosar et Marine La Plene ». Il parle de ces pauvres enfants qui, dans « certains quartiers », se font arracher leur pain au chocolat en rue parce que « on ne mange pas pendant le ramadan ».
« Grâce à Jeff Ecopp le pain au chocolat vient de faire une entrée fracassante en politique. La France en avait bien besoin. Entre la crise de l'euro et les 3 millions de chômeurs, prenons le pari que le pain au chocolat sauve la France. Jeff Ecopp a au moins un don. Pour certains, la politique c'est du flan, pour d'autres, c'est un pain au chocolat. Une chose est sûre, nos chers politiques ont transformé leur noble métier en un vulgaire job. Et il a un nom : le burlesque ».

Un petit bouquin à mettre entre toutes les mains, les mains islamophobes ou islamophiles, les mains j'menfoutophobes et j'menfoutophiles, et même mes mains à moi qui sont mytophobes parce que les mythes religieux en général, qui sont censés (mais pas très sensés...) « relier » les gens, servir de ciment social, ça fait quand même de sacrés dégâts, mais ce n'est pas une raison pour se mettre à rejeter les croyants, qu'ils soient cathos, protestos, bouddhistos, judaïcos, islamos, ou n'importe quoi d'autre (les dieux, ça ne manque pas).