Kerouac aux Indes.
L'incorrigible et mal aimé Bruckner remet le couvert ! Avec son style caustique il décortique l'Inde avec parcimonie, en suivant son héros (un jeune fonctionnaire français) en vadrouille dans ce grand losange surpeuplé.
Chemin faisant, des amitiés se tissent et se détruisent, des personnages s'acoquinent puis se séparent et enfin se retrouvent.
On retrouve "L'équilibre du monde de Mistry", sauce Kerouac. L'auteur va fort et dans tous les sens.
Exemple : " Un cataclysme qui s'appelle Islam s'est abattu sur l'Inde et a freiné l'appétit de vivre, le bonheur corporel. L'islam avec sa fureur iconoclaste, son zèle prosélyte, non content de détruire des milliers de temples, a dévié de manière irréparable la grande civilisation hindoue"
les mots sonnent juste et font souvent mal.
Si le lecteur devait éprouver à cette lecture une baisse de régime et ressentait l'envie de "sauter" quelques pages ou pire - d'envoyer valdinguer le bouquin (car soyons francs, tout ne peut plaire à tous), je l'invite à prendre sa décision après avoir lu l'épisode du taureau dans le sous-chapitre "Sa majesté bossue". (le roman étant parfaitement subdivisé). C'est hilarant et les descriptions valent le détour.
Vivre en Inde, c'est vivre ce moment glorieux où tout reste encore possible, où l'on ne sera jamais comme personne.
Une incontournable lecture pour cerner Bruckner, un très bon moment.
Monocle - tournai - 65 ans - 31 janvier 2016 |