Jeune fille vue de dos
de Céline Nannini

critiqué par CC.RIDER, le 2 janvier 2014
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Nombrilisme ennuyeux
Céline habite à Paris. Elle survit grâce à de petits boulots d'intérim effectués dans des boîtes qu'on imagine bobos branchées plus ou moins artistiques. Elle passe son temps à lire, à picoler avec ses amis, à faire du sport en salle et un peu de jogging. Elle rêve d'écrire sans arriver à produire quoi que ce soit de valable. Elle n'arrive pas à trouver un compagnon et à se décider à vivre en couple. Elle traîne son spleen et son ennui, de bars en cafés et d'expos en concerts confidentiels. Toujours entre deux trains, deux avions, deux capitales, ou deux continents. N'ayant apparemment que peu de dispositions au dynamisme, au bonheur et à la joie de vivre, elle ne se sent chez elle nulle part. Elle avoue même détester Paris.
« Jeune fille vue de dos » est un très court ouvrage de 147 pages avec de larges blancs et quelques intermèdes sous forme de vers libres (petits poèmes en prose sans grande envergure) qui relève de l'auto-fiction et non du roman comme indiqué en première page. La forme de ces extraits de journal intime n'est pas désagréable dans la mesure où Céline Nannini utilise un langage parlé très simple et très basique, sans recherche d'effets particuliers, sans description et sans dialogue non plus. Mais que nous raconte-t-elle dans ce livre ? Pas grand chose au bout du compte, des bribes de vie, des voyages où il ne se passe rien (au point qu'on en vient à se demander si elle ne se contente pas de les imaginer devant son poste de télé), des repas, une baignade, une visite à la grand-mère dans sa maison de retraite, en un mot une suite de petits riens de la vie quotidienne. Quasiment des riens du tout. En effet, une fois le livre refermé, le lecteur s'aperçoit qu'il ne sait finalement pas grand chose sur cette femme qui s'exprime à la première personne et dont il subodore que ce doit être l'auteure elle-même. En littérature, il n'est pas impossible de se mettre en scène en évitant l'écueil du nombrilisme, bien des grands l'ont fait avec bonheur avant Melle Nannini, mais à la condition d'avoir quelque chose d'intéressant à transmettre, d'avoir un style particulier, une patte humoristique, tonitruante ou géniale ou de se raconter en toute honnêteté, vérité et sincérité. Certains se mettant à nu jusqu'à étaler coeur, tripes et boyaux sur les blanches pages. Ici, nous en sommes très loin. Cette logorrhée intimiste suintant le mal de vivre et l'aquoibonisme ne distille que la banalité, l'ennui et l'insignifiance. Pour un coup d'essai, on est très loin du coup de maître.