Les faibles et les forts
de Judith Perrignon

critiqué par Yotoga, le 1 janvier 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
USA, Obama et KKK
Ce livre est construit en trois parties : Louisiane 2010, Missouri 1949 et retour en Louisiane 2010.

La première partie décrit une scène brutale de descente de police dans la maison familiale, à la recherche visiblement de drogue chez le fils le plus âgé, innocent. Chaque membre de la famille raconte son récit à sa manière, dans sa propre perception et son propre style.

La deuxième partie rend compte de la première ouverture des piscines municipales aux gens de couleur et l'émeute qui s'en suivit, en 1949 au Missouri. Là, le récit est décrit à la troisième personne du singulier.

La troisième partie est retranscrite comme une émission de radio avec des intervenants divers invités à donner leur avis sur la mort de 6 adolescents noyés au cours d'un barbecue près du fleuve.

Ce livre chamboule.

Le titre dérange.

Les rapports police et population noire sont traités insidieusement dans le sens historique : en 2010, les afro-américains "sont des statistiques" et n'échappent pas aux contrôles sans raisons; en 1949 les blancs agresseurs ne sont pas contrôlés mais la police se doit de protéger les blessés, sans se soucier de leur couleur, le font-ils vraiment? 50 ans ont passé...

Certaines mentalités sont incroyablement médiévales. Dans l'émission radio, un auditeur affirme que "les blancs flottent mieux. Les noirs peuvent nager mais leur masse osseuse et musculaire est plus lourde, ça leur demande un effort plus grand de nager. Les blancs sont favorisés, ça se voit au niveau de la compétition"(page 121). Que dire à ça ? Dans le pays d'Obama, on retrouve un discours de l'Allemagne nazie. Finalement, l'auteur arrive à amener le récit droit au coeur du lecteur en faisant apparaitre d'autres auditeurs, sensés et émouvants.

Le décalage entre le nord et le sud des USA est apporté avec la comparaison des différentes mentalités, non pas des blancs, mais des afro-américains, qui d'après la grand-mère de la famille Mary Lee, sont plus "dociles au sud" et révolutionnaires au nord. Mary Lee n'a jamais accepté d'avoir dû déménager du nord, même si le travail à la chaine chez GM et Ford les tuait.
Page 55 "Nous étions promis à la classe moyenne, moyenne, c'est déjà haut quand on est tout en bas".

Cette famille a survécu au "Klan", comme nommé ici, mais a succombé à l'eau... Le fil conducteur, l'histoire de Shine, comme une histoire familiale qu'on se raconte auprès du feu le soir, c'est l'histoire d'un battant, survivant, d'un espoir.

Je ne veux pas trop révéler du livre, qui soulève énormément de thèmes et de discussions possibles. Mais lisez-le, on en parlera après....
Grand Prix CL bien mérité. 9 étoiles

Je m'attendais au pire : d'un côté les faibles, les gentils Noirs, toujours victimes innocentes des méchants Blancs, les forts, toujours violents et racistes...
Mais rien de tout ça. Le livre nous raconte un drame qui tombe sur une famille noire, une famille terriblement attachante.

La loi autorise les Noirs à fréquenter les piscines publiques mais les Blancs leur en interdisent l'accès. Les Noirs se résignent et la conséquence est qu'ils ne savent pas nager. Toute l'histoire du livre est là : les Noirs se savent pas nager ! Il s'en suit une tragédie insoutenable. Mais c'est si bien raconté, si juste dans le ton, sans acrimonie ni haine, qu'elle vous porte au comble de l'émotion.

Au fil du roman, on s'est attaché à cette famille et quand, à la fin du livre, la vieille grand-mère raconte ce qu'a été sa propre vie, depuis son enfance jusqu'au jour de ce drame, son récit vous chavire et il vous en apprend plus sur la condition des Noirs aux USA que toutes les longues études sur le sujet.

Ce livre a été récompensé d'un Grand Prix CL 2016. Je trouve que le jury a fait le bon choix.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 18 décembre 2016


L'interdit 9 étoiles

Beaucoup entendu parler de ce roman dans lequel un drame se déroule… J'ai eu mal à rentrer dans l'histoire, à placer chaque personne du foyer ; la première partie est chorale, la parole est laissée aux membres de la famille afro-américaine Baker qui est constamment sur ses gardes avec la police. On sent une tension mais ils semblent aussi très soudés. Dans la seconde partie, on revient quelques décennies en arrière ; en juin 1949, officiellement dans l'état du Missouri, les piscines sont ouvertes à tous. En théorie, seulement. La population d'alors est mécontente de devoir partager ses piscines avec les Noirs. Des émeutes ont eu lieu, beaucoup de vies sont gâchées… En 2010, d'autres le seront.
C'est une lecture qui m'a énormément touchée, comment un héritage d'esclavage, de ségrégation, a des conséquences sur le peuple d'aujourd'hui… Judith Perrignon m'a appris que la natation était laissée de côté par les afro-américains comme si les événements des années 40 et 50 (et ceux encore avant) avaient posé des limites dans l'esprit de ce peuple. Les piscines, les fleuves, les eaux, même soixante ans après, restent des barrières entre les forts et les faibles. Pourvu que la différence disparaisse, pourvu que les barrières s'abaissent…
Une lecture difficile mais nécessaire.

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 23 octobre 2016


Séquelles de la ségrégation raciale aux USA 8 étoiles

A partir d'un fait divers dramatique relativement récent (2010 et donc sous la présidence d'Obama) qui met en lumière un état de fait concernant la condition des noirs américains, l'auteure s'est posé la question du pourquoi. Ce récit, fictif, tente d'en expliciter les causes au travers de péripéties de l'histoire de la ségrégation raciale et des mécanismes psychologiques victimaires développés au sein même de la communauté noire en même temps qu'il met à mal des stéréotypes qui ont encore la vie dure.

Certains commentaires m'avaient fait appréhender un traitement trop journalistique (Judith Perrignon est d'abord journaliste) d'un sujet dont on ne manquera pas de relever l'originalité. Certes, l'intention se veut bien démonstrative et la démonstration s'avère convaincante au travers d'un récit bien centré servi par une prose plutôt concise, sobre et efficace. Cela aurait pu être froid, sans âme; il n'en est rien. L'auteure a su, avec habileté, éviter les écueils d'une telle posture, à la fois par la dynamique de son récit et la dimension humaine et attachante de ses personnages.

La construction, dont A. Benjamin a déjà relevé la brillance s'avère en effet très pertinente en n'introduisant la véritable dimension dramatique que passé la moitié du récit, créant chez le lecteur un choc émotionnel (je rejoins Marvic) d'autant plus fort que, par le jeu de la juxtaposition de monologues nous livrant leurs préoccupations, leurs blessures, leurs sentiments, leur vécu de l'intervention de police, un lien, une certaine empathie s'est déjà créée avec les protagonistes de cette famille monoparentale noire. Dommage que la 4ème de couverture (tout au moins dans mon édition du Livre de poche) puisse malencontreusement réduire à néant les effets tissés par l'auteure.
Plus loin, l'émotion atteindra son point culminant dans le cri de colère et le témoignage poignant de Peter dans la troisième partie (l'émission radiophonique).

Par ailleurs, on s'attachera au très beau personnage de Mary Lee, la grand-mère, dont la figure dominante éclaire ces pages par son amour des siens, sa dignité, sa force et sa lucidité. Fil conducteur qui confère à l'ouvrage son unité, elle apparaît à la fois comme celle qui porte la mémoire du passé et la vie blessée de son frère, celle qui refuse l'indignité de la fatalité "Tiens toi droit Marcus, ne donne pas à ceux qui nous méprisent depuis la nuit des temps de quoi justifier encore cette vieille haine contre nous" voudrait-elle dire à son petit fils; elle est aussi celle qui transmet l'histoire de Shine, la blague cache-misère de son grand-père et surtout celle qui par sa résilience brandit l'espoir et plus encore la volonté d'un avenir libéré des fantômes du passé.

Pour moi: une lecture à la fois intéressante et émouvante, un traitement d'un sujet original qui atteint son objectif.

Myrco - village de l'Orne - 75 ans - 25 avril 2016


Au pays de la liberté... 9 étoiles

Les faibles et les forts est un roman en trois parties bien distinctes, aussi bien dans l'écriture que dans la période, de J. Perrignon. La première période, "chorale", se déroule en 2010 en Louisiane. Elle donne voix à toute une famille, de la grand-mère, qui a assisté à l'ouverture des piscines aux noirs, aux plus jeunes. Dans cette partie sont évoqués pêle-mêle les difficultés d'argent, le racisme, la violence, le chômage, le manque d'avenir des plus jeunes, l'éveil à la vie et à la beauté, l'amour, et cette fichue ligne qui sépare le nord du sud des Etats-Unis, toujours existante.
La seconde partie remonte le temps, dans les années 50, et décrit les évènements relatifs et consécutifs à une annonce qui a fait scandale dans le Missouri : "Légalement, rien n'empêche un noir qui veut nager d'entrer dans une piscine." Bien sûr, c'est la loi. Mais dans les faits ? Pour le savoir, nous suivons une bande de jeunes noirs, dont notre vieille grand-mère de 2010 petite fille en ce temps-là, bien décidés à se baigner ce jour-là. Mais c'est bien plus compliqué que ça.
Enfin, la dernière partie, qui nous permet de revenir en 2010 en Louisiane, prend la forme d'une retransmission d'une émission de radio, au cours de laquelle l'animateur fait réagir des spécialistes et des auditeurs, au sujet d'un fait divers tragique.

Les faibles et les forts, c'est aussi une sorte d'exploit au cours duquel J. Perrignon, en un peu moins de 200 pages, évoque des vies, des points de vue, des explications et tout un tas de sujets qui en découlent. Le lecteur reste accroché à cette lecture dont on devine qu'elle sera tragique, ce qui ne l'empêche pas de recevoir en pleine poire la réalité des statistiques et des préjugés qui ont cours aujourd'hui encore au pays de la liberté. Et l'on se rend compte, à peine croyable, que ces disparités si énormes, si basiques, simplement liées à une couleur de peau, héritées d'un esclavage que même les bien-pensants peinent à planquer sous le tapis, sont toujours d'actualité. A peine les a-t-on légèrement maquillées...
A lire !


Monsieur, le poids de ces enfants, la taille de leurs biceps, la longueur et la largeur de la rivière où ils se baignaient, n'ont aucune importance. Il suffisait de leur apprendre à nager pour qu'ils nagent. Ce qui pèse lourd, c'est la peur.

Il a fallu du temps pour mélanger hommes et femmes dans l'eau et nous y sommes parvenus, mais il a été impossible de mélanger Noirs et Blancs. Car le Noir aurait pu apparaitre pour ce qu'il est : un homme.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 3 mars 2016


Un fait divers 9 étoiles

Le 2 août 2010, à Shreveport, en Louisiane, six enfants noirs périssent noyés à la suite d'une baignade dans le Red River. Les médias s'interrogent : Pourquoi 60% des jeunes afro-américains ne savent pas nager ?
Judith Perrignon, sur base de ce fait divers, va nous faire vivre une journée d'une famille, dépourvue de figure paternelle, en proie au racisme et aux préjugés.
Après la lecture du premier chapitre, on s'attend à une lecture poignante mais notre imagination est loin du compte.
La partie qui m'a fortement impressionnée est le témoignage de Peter.
"Non, Peter, je vous écoute. Vous n'êtes plus à l'antenne, c'est vrai, l'émission est terminée, mais je vous écoute, je suis là."
Un livre qui, même refermé, continue à vous retourner!

Koudoux - SART - 60 ans - 9 février 2016


En 2010... 9 étoiles

La trame de ce livre est surprenante. Au début, des pensées de divers personnages, la grand-mère, la mère, les enfants. Tous parlent de leur vie, de leurs problèmes quotidiens, des histoires avec la police, de leur condition de femmes et hommes noirs... Puis, petit à petit, le ton change, on fait un bond en avant, 2010, c'est si proche de nous, et pourtant...
Pourtant, on n'imagine pas la tragédie, ce qui nous attend. On ne conçoit même pas qu'à notre époque cela puisse exister encore, cette histoire est des plus révoltantes et laisse le lecteur abasourdi tant l'horreur est présente.
Oui, en 2010, un roman très contemporain qui retrace des années d'histoire, d'injustices et d'atrocités, des relents du passés qui couvent encore et toujours.
Bien malheureusement...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 8 février 2016


De la ségrégation dans cette Amérique-là … 8 étoiles

Judith Perrignon nous livre à la fin de l’ouvrage la clef, le déclencheur de ce roman :

« Le 2 août 2010, JaTravious Warner, dix-sept ans ; Takheita Warner, treize ans ; JaMarcus Warner, quatorze ans ; Litrelle Stewart, dix-huit ans ; Latevin Stewart, quinze ans, et LaDairus Stewart, dix-sept ans, se sont noyés dans la Red River à Shreveport. Aucun ne savait nager.
Ils ne sont pas les personnages de ce livre. »

Ils ne sont pas les personnages de ce livre mais Jonah, Jason, Wes, Deborah, Garett et Greg leur ressemblent diablement. Et eux aussi vont finir au fond de la rivière. Faute de savoir nager et d’avoir voulu se porter successivement secours. Faute de savoir nager parce qu’ils sont noirs. Parce qu’ils sont noirs et que leur densité corporelle serait plus élevée ? Parce qu’ils sont noirs et qu’ils souffrent d’une discrimination telle qu’ils n’ont pu apprendre à nager ?
Beaucoup de questions dans ce roman qui se penche sur la discrimination raciale au Sud des Etats-Unis il n’y a pas si longtemps encore. Quarante – cinquante ans pour ce qu’il y a d’officiel. Pour ce qui est de la vraie vie … ?
Le démarrage de « Les faibles et les forts » est plutôt heurté, sous forme chorale, chaque protagoniste exprimant son ressenti face à un acte qui s’apparente encore à de la discrimination raciale vis-à-vis de l’un d’entre eux ; Marcus. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans cette atmosphère et je me suis dit que … , puis un flash-back de quelques 60 ans, en 1949, qui va éclairer ce qui se déroule et surtout ce qui va se dérouler et là, le roman prend une autre dimension.
Cela permet à Judith Perrignon de traiter de façon complexe les tenants et aboutissants de cette discrimination raciale, là-bas au Sud des Etats-Unis, mais ça pourrait concerner ce qu’on peut vivre par chez nous aussi …
La vie comme elle va, quoi. Et c’est parfois une chienne, la vie.

« Ta gueule, Maman. Les flics n’ont rien trouvé. Ils ont retourné ta baraque mais à moi ils m’ont fouillé jusqu’au trou du cul, ils ont dit, Tousse, connard, et ils ont rien trouvé. Alors pourquoi tu hurles ? Et pourquoi Mamy Lee m’attache avec sa corde à linge ? Vous êtes avec les flics ou vos nerfs de bonnes femmes sont malades ? Ils ont dit, Tousse, connard, et moi ensuite j’ai pu remonter mon froc qu’il avait fallu baisser devant vous. »

Tistou - - 68 ans - 3 janvier 2016


Tragédie évitable 10 étoiles

La trame de ce roman est d’autant plus pertinente que les tensions raciales sont encore d’actualité aux États-Unis et font la manchette régulièrement. La construction est brillante. L’histoire d’un drame placé dans un contexte historique qui nous éclaire parfaitement sur la ségrégation raciale des noirs aux États-Unis. L’exploit est étonnant considérant que Judith Perrignon est loin de tout ça. Sa maîtrise du sujet étonne agréablement. Quelle surprise de lire une référence au légendaire ‘Cool Papa Bell’, idole de la negro league de baseball!

Un roman percutant qui démontre bien qu’il est encore possible d’être original en littérature moderne.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 27 décembre 2015


"L'héritage de l'esclavage, de la ségrégation..." 10 étoiles

En débutant ce récit d'une d'une descente de police dans une misérable maison de Louisiane, nous faisons connaissance avec Mary Lee, la grand-mère, Dana, sa fille, mère de 5 enfants, Marcus, le fils aîné, soupçonné de trafic de drogue, Deborah, adolescente amoureuse, Wes, Jonah, frères cadets et Vickie, la petite dernière de 3 ans.
Chacun donne sa vision de cette violente intrusion, ce qui nous permet de mieux comprendre la réaction et la colère de Mary Lee.
"Oh boy ! J'ai honte. Envie de te battre. Tu ne comprends pas que tu ressembles à ce qu'ils pensent de toi, que tu fais du mal aux tiens , à ceux qui sont là, comme à ceux qui sont morts !"

Car ils sont Noirs. Et Mary Lee, petite fille, a vécu la violence de la ségrégation, a vécu l'espoir d'un monde nouveau avec la fin de l'abolitionnisme ;
Alors que Dana semble accablée mais résignée au sort qui leur est fait.
"Tous ces gestes ne sont pas mes gestes, ce sont ceux des mères, elles ne sont pas fortes comme on le prétend, elles sont résistantes, ce n'est pas pareil."

Quand on quitte la Louisiane pour le Missouri, 2010 pour 1949, on sait que le récit sera dur.
L'angoisse monte ; le drame couve. Une phrase lâchée trop vite par un élu légitimant l'accès des noirs dans les piscines provoque des émeutes d'une grande violence sous les yeux de la jeune Mary Lee.

Le retour en 2010 est d'une violence inouïe. Rien ne nous y avait préparé. C'est un véritable choc.
Le forum radiophonique est ahurissant de racisme jusqu'à l'intervention d'un sauveteur qui criera la vérité.
Et elle est terrible cette vérité.
"Il (son père) était tellement heureux quand la mairie a décidé de fermer toutes les piscines plutôt que d'autoriser les Noirs à venir dans les nôtres."

"Nous savons rire quand nous sommes tristes et chanter quand rien ne va. Notre peur a produit de grandes choses. Alors ils nous aiment vieux, le cheveu crépu et blanc, on a l'air de sages et on finit au patrimoine national. Mais nos enfants leur font peur. Et ils les noient."

L'avantage d'avoir une longue LAL, c'est qu'on a le temps d'oublier pourquoi on a choisi un titre et surtout d'aborder la lecture vierge de tout préjugé. Et ni le titre, ni la première de couverture ne permettent d'anticiper le choc à venir.
Judith Perrignon a écrit un livre magnifique, poignant, qui nous poursuit même refermé. Son écriture fluide, simple et directe fait habilement monter la tension du roman.
Récit romancé d'une tragédie réelle.

Marvic - Normandie - 66 ans - 14 décembre 2015