Le perroquet de Budapest
de André Lorant

critiqué par Paofaia, le 29 décembre 2013
(Moorea - - ans)


La note:  étoiles
Enfance à Budapest
Deux défauts de naissance, André Lorant . Juif et bourgeois à Budapest..
Alors, à 26 ans, il a choisi l'exil, abandonnant sa mère, le souvenir de son père ( "est-ce que mon père s'est suicidé" est une question qui revient sans cesse au cours de ce récit..), et grâce à ses connaissances de la langue française, et plus précisément de l'oeuvre de Balzac, il est devenu un Français au milieu des autres.
Il a attendu longtemps avant de se laisser rattraper par sa mémoire. 1997.
Et c'est dans Budapest que reviennent les souvenirs qu'il livre dans ce récit, décousus comme le sont les souvenirs quand ils remontent à la mémoire en passant dans un lieu fréquenté autrefois, ou en écoutant un morceau de musique..
Cette famille de commerçants juifs convertis au catholicisme pour avoir la paix, sera toujours renvoyée à ses origines. Au lycée, le jeune narrateur est surnommé Chamberlain, parce qu'un juif ne saurait être qu'anglophile. Et Chamberlain traverse son enfance entouré des stukas miniatures qu'affichent les Pères piaristes pour célébrer les victoires nazies, est exclu de la confrérie des scouts et se trouve interdit de chorale à cause de sa prononciation des « r » trahissant des racines douteuses. ..
Le peu qu'avait pu conserver sa famille est confisqué par les « libérateurs » soviétiques , tout ce qu'il aime est interdit, et il subit aussi le spectacle de sa mère inconsolable, traumatisée par son séjour dans un camp de travail pour femmes juives, perdue dans le monde de l'après-guerre et qui a pris pour tic de se pincer le nez, dans l'idée de supprimer la marque de ses origines.

Tout cela, André Lorant le raconte de façon assez froide. Des constats. De la distance apportée par de longues années de psychanalyse . On sent une grande nostalgie du "monde d'hier" , et ce n'est pas le Budapest redécouvert , envahie par "le grand échiquier de la vulgarité" qui va le consoler d'un exil non géographique, mais culturel. Mais son "goût pour le beau", où qu'il le retrouve..

Passionnant document et témoignage pour qui s'intéresse à l'Europe centrale et à son histoire..