Villa triste
de Patrick Modiano

critiqué par Veneziano, le 22 décembre 2013
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Un amour en fuite
Un jeune homme fort mystérieux, vraisemblablement en désertion, dénommé Chmara, dérive, presque par hasard, dans une grande demeure de la frontière suisse, où se tourne un film apparemment mineur, Nocturno des Liebe, plus ou moins "de charme". Et c'est là qu'il rencontre Yvonne, et que se nouent entre eux des sentiments mutuels. Une galerie de personnages les entoure, dont le metteur en scène et le docteur Meinthe.
L'aspect désoeuvré du protagoniste lui mérite les distances de cet entourage guindé, connu par hasard, avec notamment l'exception d'Yvonne. Mais leur idylle naissante ne semble pas aboutir.

Il s'agit de l'un des premiers écrits de Patrick Modiano, celui qui ouvre le recueil de romans publié chez Quatro, aux éditions Gallimard, que je suis en train de lire.
L'ambiance y est déjà mystérieuse, et comprend tous les ingrédients dont l'auteur saura rôder et maîtriser. Des personnages énigmatiques semblent venir de nulle part, porteurs d'un passé qu'ils ne désirent pas dévoiler au grand jour, le poids de souvenirs, plus ou moins précis, l'indécision et la complexité des relations humaines, composent déjà l'environnement si particulier du romancier.
Celui-ci, de 1975, laisse déjà cette impression de doux-amer, ouvre bien davantage de questions qu'il en résout, et place la lectrice et le lecteur dans une situation de liberté d'interprétation, assez confortable, parfois déconcertante. Cet opus me semble bien fait, et correspond bien aux écrits qui suivent.