Les petits blancs : Un voyage dans la France d'en bas
de Aymeric Patricot

critiqué par Vince92, le 10 juillet 2014
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
De la question raciale dans le débat de société en France
Voici un livre important bien qu'incomplet.

Important car il pose une question fondamentale, une question que la majorité des acteurs du paysage médiatico-politique s'est refusé de poser pendant longtemps, et ne posent aujourd'hui que sous la contrainte, car ils ne peuvent plus faire autrement.

Cette question est la suivante: existe-t-il une catégorie de la population de notre pays, que l'on pourrait qualifier de "petits blancs", l'équivalent aux états-unis des "white trash" qui se situerait à la marge de la société, qui constituerait une sorte de lumpenprolétariat des temps modernes... stigmatisés non seulement par leur condition sociale mais également par leur condition raciale.
L'auteur a effectué une sorte de travail journalistique en recueillant les témoignages de plusieurs membres de cette nouvelle catégorie de la société française, née dans les années 80. Au cours de son enquête, Aymeric Patricot est amené a établir des distinctions entre les différentes composantes de cette population et essaie d'établir des typologies: "petits blancs des campagnes", des villes, "petits blancs résignés", haineux, etc...
Les "petits blancs" sont ces personnes, laissées-pour-compte, trop pauvres pour fuir les banlieues occupées essentiellement par des populations immigrées qui les méprisent et les stigmatisent (le fameux racisme anti-blancs) et qui subissent une sorte de double-peine, celle de l'a-priori (dégénérés, racistes, inadaptés,...). Ils sont également les habitants des campagnes reculées, éloignées des programmes d'aménagement, tournés tout entiers vers "les quartiers", premières victimes de l'effondrement de la qualité de l'éducation, traditionnel ascenseur social. Ils sont enfin ces anciens membres de la "classe moyenne" en voie accélérée de déclassement, suite à la mondialisation à marche forcée de l'économie et qui prive nombre de ces membres d'un travail, des ressources pour bien se soigner, du bagage culturel adéquat pour résister aux forces destructrices de cette mondialisation.

Cet ouvrage est incomplet car il se contente de collectionner des témoignages de supposés membres de cette sous-société, sans véritablement établir d'étude sociologique, l'auteur se contentant de livrer ses intuitions et analyses personnelles. Tel n'était pas son but d'ailleurs, Aymeric Patricot n'étant pas sociologue, mais professeur de lycée et écrivain.
Ainsi, ce petit ouvrage (170 pages), qui se lit d'une traite est sans aucun doute un puissant révélateur de l'état (et de l'état d'esprit) d'une partie (sans cesse croissante) de la population à laquelle le pouvoir politique, et notamment ceux de ce pouvoir politique qui se réclament "de gauche" devrait prêter un peu plus attention sous peine de déclencher une colère incontrôlable de la part de ces "petits blancs".