Dialogues désaccordés
de Éric Naulleau, Alain Soral

critiqué par Cafeaulait, le 16 décembre 2013
( - 43 ans)


La note:  étoiles
dialogues désaccordés ?
je viens de finir dialogues désaccordés, je vous livre mon ressenti,

D’abord le duo, pourquoi E.Naulleau choisit A.Soral et inversement un chèque peut-être ? ? Drôle de couple pour une tête de gondole, attention qu’elle ne prenne pas l’eau. Ils sont difficilement crédibles sur la couverture, j’ai craint le pire. Je n’allais pas être déçu. Une question m’a taraudé tout le long de ce…truc, cet échange quoi. Quand un homme connu principalement comme chroniqueur et le second pour des charges de pensées tièdes sur YouTube ainsi que des livres de soi-disant sociologie sans acuité réelle se donnent le change. Étaient-ils envieux du livre de Houellebecq et Bernard Henri Levy « ennemis publics » pour en faire un sur le même modèle ? C’est exactement la même « chose » en plus décérébrée.

Le fonds de commerce de A.Soral ne choque pas plus que cela E.Naulleau qui imagine que cela lui permettra de briller. Idem pour A.Soral. Se souvenant que certains risquent de lire ce livre, les propos sont étrangement ramassés et ils utilisent des raccourcis qu’un livre ne doit pas s’abaisser à utiliser. Je ne vais pas vous mentir, ce livre n’est pas plus désaccordé que cela. C’est une chorégraphie d’opposition qui ne tient pas plus de quelques pages. C’est un joli petit à toi à moi, où personne n’empiète sur le pré carré de son interlocuteur, trop content qu’il discute avec lui. On s’interpelle sur un sujet brûlant, mais guère plus.

Chacun se cantonne à la caricature très stéréotypée de lui-même celle connue du lecteur. Il n’y a pas d’échange. J’expose mon point de vue, toi aussi, puis on passe à autre chose. En vérité on suit les derniers développements de l’actualité. Avec autant de matières, en dire si peu vu le nombre de pages est un exploit digne de la téléréalité. C’est étrange puisque la logique interne de chacun des deux protagonistes devrait en faire de grandes bavardes !

La coquille vide c’est E.Naulleau, il en était déjà une sur les plateaux télé, mais là ses prises de position sont inexistantes (puisque ridiculement prévisible en bienpensance). A.Soral tente, A.Soral explique, il finit même par réussir à glisser sans peine aucune ses idées nauséabondes. E.Naulleau n’ayant aucune idée, il finit très vite en faire valoir d’une longue interview qui s’annonçait « pour esprit aguerri », mais dont il finit spectateur. Ce dernier utilise la petite phrase la référence littéraire, le bon mot, l’engagement dans les dialogues n’est pas réel. Les sujets débattus étant déjà élagués par la presse, ils avaient sous la main de quoi ferrailler avec plus de classe.

Au final rien de convaincant. On l’aurait voulu ramassé et incisif, mais E. Naulleau a pris de vaines précautions tuant l’échange dès le début. « Dialogues désaccordés » est malheureusement petit et a oublié. E.Naulleau nous rassure il écrit comme il critique des livres, ou tout aussi mal si vous voulez. A.Soral inquiète d’avoir autant d’imagination. Il a l’air d’avoir choisi l’antisémitisme comme certains choisissent de faire du porno, pour être connus, en désespoir de cause.

cafeaulait
Bobo vs facho 5 étoiles

Quand un journaliste bien en cour et un intellectuel sulfureux dialoguent par échanges d’e-mails et quand un éditeur trouve judicieux de publier le résultat, cela donne ces dialogues désaccordés qui virent souvent au dialogue de sourds. Nos deux « intellectuels », l’un venu du monde du football, l’autre de celui de la mode, échangent sur un certains nombre de sujets d’actualité comme l’affaire DSK, celle de la fatwa contre Salman Rushdie, les manifs contre le mariage des homosexuels, la disparition de Chavez, les lois mémorielles, le révisionnisme, l’affaire Méric et quelques autres. Bien entendu, les deux lascars ne sont d’accord sur rien. Ils se renvoient la balle comme deux tennismen sur un court parfois avec courtoisie et plus souvent avec une certaine vacherie voire mauvaise foi. Et le lecteur lit plus pour savoir qui va mettre l’autre K.O debout que pour aller au fond des problématiques.
« Dialogues désaccordés » n’est pas vraiment un essai, plutôt un coup de pub dont on se demande avec le recul quel en fut vraiment l’intérêt et qui en tira les marrons du feu. Certainement pas Soral qui n’eut droit à aucune couverture médiatique et assez peu Naulleau dont les approbations, même du bout des lèvres des thèses nauséabondes de Soral, ne durent pas être du goût de la bien-pensance. Il est amusant de voir que Naulleau se place presque toujours dans la position de l’interviewer, qu’il accumule les citations et les références, use et abuse du peut-être ben qu’oui, peut-être ben qu'non, alors que son interlocuteur, nettement plus bardé de certitudes, assène ce qu’il considère comme des vérités. Il ne se gène d’ailleurs pas pour couvrir Naulleau de sarcasmes plus ou moins judicieux genre « Tu penses creux ! Tu te caches derrière des citations d’auteurs ! Tu es lourd et conformiste ! » Difficile de dire qui l’emporte dans ce combat du bobo contre le facho, ce duel dans un tunnel. Plus amusant de voir tous les travers des deux attitudes dont le moindre n’est pas la superbe pour ne pas dire la prétention. Soral ose comparer leur bavardage à la correspondance entre Voltaire et Rousseau. Naulleau, gêné, préfère évoquer l’échange célèbre entre Alceste et Philinte. Excusez du peu ! Livre aussi vite lu qu’oublié car trop daté et déjà dépassé par les derniers développements de l’actualité.

CC.RIDER - - 66 ans - 29 juillet 2021


Naulleau au tapis. 4 étoiles

Réunis afin de débattre de la question du vote Front National en 2013, le journaliste Eric Naulleau et Alain Soral, pamphlétaire et essayiste livrent dans cet ouvrage, un livre d’entretiens, un combat assez inégal. Dire tout d’abord que le but affiché de la démarche est complétement raté : on ne parle ni des problèmes économiques, identitaires, culturels, géopolitiques qui conduisent l’électeur de ce début du XXI e siècle à abandonner les partis traditionnels pour se tourner vers les formations populistes et de façon plus significative encore vers les mouvements populistes de droite : N’est pas Guiluy ou Michéa qui veut.
Surtout, ce livre est l’occasion d’une mise en scène afin de surfer sur la nouvelle popularité d’Alain Soral de l’époque qui développait sa petite activité de « youtubeur » en distillant ses thèses (pas toujours farfelues). Eric Naulleau s’est prêté au jeu, mal lui en a pris. En effet le pauvre se fait hacher menu par Soral qui pointe toute son inconsistance dans ses réponses. Soral est violent et catégorique (ce qui sied mal à un intellectuel) mais il est clair et cohérent, Naulleau est au contraire peu précis, donnant toujours le sentiment de ménager la chèvre et le chou, sans réelle consistance intellectuelle, semblant déverser les poncifs télémédiatiques à l’envi.
Alors de quoi parlent-il au long de ces deux cent et quelques pages ? La question juive, vieille obsession de Soral est au cœur des entretiens et ceux qui auront été curieux et visionné quelques vidéos de l’auteur de Comprendre l’Empire n’apprendront pas grand ’chose de ses théories. A part cette question récurrente et les violents échanges entre les deux protagonistes, le lecteur ne pourra guère utiliser le contenu de ces entretiens pour faire progresser sa réflexion. Livre décevant donc et lecture plus que dispensable du fait notamment de la faiblesse de l’un des protagoniste… Naulleau sert la soupe à Soral et celui-ci a beau jeu de dérouler son schéma de pensée face à celui qu'il est plus correct d’appeler un saltimbanque.

Le livre a tout de même été interdit à la vente en France en 2016, on se demande pourquoi…

Vince92 - Zürich - 47 ans - 5 juillet 2019