Le linguiste était presque parfait
de David Carkeet

critiqué par Ellane92, le 12 décembre 2013
(Boulogne-Billancourt - 48 ans)


La note:  étoiles
petits meurtres entre linguistes
La journée de Jeremy Cook a bien mal commencé : parti faire du gringue à la nouvelle thésarde qui vient d'arriver à Wabash, une crèche pas comme les autres qui abrite, outre la marmaille et son personnel homologué, une petite dizaine de chercheurs en linguistique, il entend sa future belle prononcer : "Jeremy ? J'ai entendu dire que c’était un parfait trou du cul".
Mais s'il n'y avait que ça : son directeur lui confie une tâche qu'il aimerait bien éviter, et l'un de ses illustres collègues est retrouvé mort, sur son fauteuil, dans son bureau, le crâne à moitié rasé.
Pour l'inspecteur Leaf, Jeremy est le suspect idéal. Il ne reste donc plus à ce dernier qu'à prendre son calepin pour trouver lui-même le coupable !

La saveur du "linguiste était presque parfait" ne réside pas dans le déroulement ou la résolution de son intrigue policière ; celle-ci est d'ailleurs franchement molle du genou, et pédale littéralement dans la semoule dans la première moitié du roman.
En revanche, le milieu très particulier des chercheurs en linguistique (que j'ai un peu fréquenté pendant mes études) est parfaitement rendu, de même que les relations entre universitaires, ou les sujets d'études de gens très sérieux par ailleurs (travailler sur les onomatopées, genre "mboui", des petits d'hommes de moins de 3 ans, n'est-ce pas...). Jeremy Cook est un héros sympathique mais tellement naïf qu'on se demande parfois s'il est bête ou simplement dans son monde de linguiste :
"A quelques mètres de lui se trouvait la porte des toilettes ; s'il baissait la tête et fonçait dessus à toute vitesse, l'impact le tuerait peut-être. De toutes les options pour un suicide efficace qui lui vinrent à l'esprit, c'était certainement la plus rapide. Avait-il quitté le lycée ? Oui ! Alors pourquoi ce genre de chose lui donnait l'impression qu'il y était encore ? Certains prétendent que le célibat assure une éternelle jeunesse. Sans aucun doute, songea Cook, si cela doit signifier qu'on se sent éternellement ridicule."
Ajoutons à cela des personnages, certes caricaturaux, mais hauts en couleur et des dialogues drôles, le cocktail ne ressemble pas au roman du siècle, mais il change de l'ordinaire, nous fait découvrir une profession qu'on approche rarement, et le tout donne un roman agréable à lire, parfait pour se détendre et plein d'humour !
"-Avez-vous des pistes, lieutenant ? demanda-t-il.
Leaf mit ses deux mains devant son visage, et joignit le pouce et l'index de chacune pour former deux petits ronds. Il regarda Cook ainsi, à travers les bésicles formées par ses doigts, dans une position qui suggérait qu'il avait complètement perdu la raison. Puis il détacha les cercles de ses yeux et les tendit à Cook pour que celui-ci les examine.
- Zéro, Jeremy, dit-il en guise d'explication. Double zéro. Rien de rien."
Curieux cercle. 6 étoiles

Le centre Wabash, où se déroule l'intrigue, est représenté par un petit dessin en tout début de livre. J'ai dû y avoir souvent recours pour m'y retrouver dans cette histoire pas facile à comprendre.
C'est le grand point négatif que j'ai ressenti, parfois à la limite du découragement.
Je rejoins l'avis de la critique principale, le charme du roman est bien dans la description de cette ambiance toute particulière.

Monocle - tournai - 64 ans - 3 octobre 2014