Trois morts au soleil
de Jacques Sadoul

critiqué par Ellane92, le 14 janvier 2014
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
Le chat et la souris
Voici une drôle d’affaire à résoudre pour Muriel Ledayon, la nouvelle adjointe au chef du SRPJ de Marseille. Un photographe sans histoire vient d’être tué par balle à Cassis. Mais avant même qu’un semblant de piste ne se dessine, c’est le tour d’un croupier puis d’un agent immobilier de mourir selon le même mode opératoire. Tueur en série ? Crime crapuleux ? Ou alors crimes passionnels ? Le seul point commun entre les victimes était de fréquenter la même maitresse, Solange.
Muriel doit faire ses preuves rapidement : elle n’est pas de la région, n’en connait ni la topographie ni les mentalités, elle est jeune encore, et a bien du mal à s’imposer dans ce milieu policier machiste.

Dans ce livre, c’est nous, lecteurs, qui avons les clés en main pour comprendre et résoudre l’énigme policière. Le criminel nous livre ses pensées et ses mobiles : « C'est en cela que réside la beauté de mon plan, les deux assassinats gratuits dont je vais me rendre coupable m'innocenteront du dernier, du vrai ». On suit donc Muriel se débattre avec ses fausses pistes et, avec rigueur et intelligence, éviter de se fourvoyer dans le piège tendu par le coupable. Mais est-ce que cela suffira vraiment à trouver le coupable ?
J’ai beaucoup apprécié l’ambiance du sud-est de la France que je connais plutôt bien. On entend, dans l’écriture de Sadoul, l’accent de là-bas et le chant des grillons. C’est un roman policier intelligent et sans violence ni barbarie : on n’est pas des fous dans ce pays ! On visualise sans problème les calanques de Cassis, et l’apéro que l’on prend en fin d’après-midi, en terrasse, face à la mer, quand la température devient plus clémente, ces relations si particulières entre les gens, où tout le monde se connait, où les secrets se partagent. Et la course poursuite finale sur la route des Crêtes est plus vraie que nature. L’enquête est menée tambour battant, les personnages sont colorés, et l’humour jamais très loin : « J'ai toujours eu à cœur d'honorer les morts, même ceux qui ne le sont pas encore ». Enfin, on retrouve sous les traits de la voluptueuse Solange le côté mystérieux, subtil et intelligent dont Sadoul aime auréoler ses personnages féminins.
Un sans-faute pour ce livre réjouissant et bien maitrisé, et un Grand prix de littérature policière (1987) amplement mérité !