Vathek
de William Beckford

critiqué par Pendragon, le 22 juin 2003
(Liernu - 54 ans)


La note:  étoiles
Conte arabe...
Il y a dans ce conte arabe toute la décadence de la fin du dix-huitième siècle anglais. La jeunesse oisive, riche, qui se perd et se complait dans des mœurs pour le moins débridées…
William Beckford aurait écrit ce texte après trois jours et trois nuits de beuverie et d'autres activités que la morale m’empêche de nommer ici…
Parce que Beckford, c’est cela, sa vie est un roman d’aventures digne de Byron : de Paris à Londres, en passant par le Portugal, l'Italie, l'Espagne, tour à tour ambassadeur, écrivain, membre du Parlement, parfois en compagnie de jeunes filles, parfois en compagnie de jeunes hommes, toujours riche, toujours excentrique, toujours écrivain et toujours provocateur, il vit sa vie dans le luxe, l'opulence et fait de la jouissance son leitmotiv.
Vathek est un conte dont l’ascendance tient des « Milles et une nuit », des « Lettres persanes » et du « Moine » de Lewis. Cela se passe loin, là-bas, tout là-bas dans ce désert qui abrite encore des djinns, des génies et autres esprits, mais c’est noir, extrêmement malsain et les intentions de Vathek ne sont que vilenies et tromperies pour le pouvoir absolu. Rein à voir avec le gentil Sinbad et ses gentilles aventures… Bien sûr, il va sans dire que les esprits s'en donnent à cœur joie et le bombardent de cadeaux à mesure que sa foi en Allah diminue. Nous assistons alors à toute une série d'épisodes sanglants qui ont tous pour thème la perversité de l'homme et les méfaits qu'il est prêt à commettre pour l’obtention du « prix ultime » donné par les sus-dits génies. Mais, comme de juste, après une vie de méfaits, cette fameuse récompense n'est jamais qu'une éternité de méfaits dans l’un ou l’autre Enfer…
Roman rapide et envolé, son action nous entraîne très vite de page en page et, si ce n'est pas un chef-d'œuvre, sa lecture reste intéressante en ce sens qu’il se positionne comme précurseur d’une littérature qui se plaira à vanter les « splendeurs sataniques » de Poe, Baudelaire ou Huysmans…