Albert Nobbs
de George Augustus Moore

critiqué par Cyclo, le 7 décembre 2013
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
Un petit bijou
La longue nouvelle de l'écrivain irlandais George Moore, "Albert Nobbs" (superbement traduite autrefois par Pierre Leyris et publiée dans la merveilleuse collection verte du Mercure de France "Domaine anglais" en 1971, collection qui m'a valu de belles découvertes littéraires, de Jean Rhys, Kenneth White, John McGahern, entre autres), vient d'être adaptée au cinéma. Elle raconte ainsi l'aventure d'une femme, orpheline, contrainte pour survivre de se travestir en homme (les hommes étaient mieux payés et trouvaient plus facilement du travail). Elle devient serveur, puis majordome dans un grand hôtel de Dublin. Bien entendu, personne ne le sait, mais ça l'oblige donc à ne pas avoir de vie sentimentale (ni sexuelle), puisqu'on découvrirait aussitôt le secret. Albert Nobbs mène donc une vie étriquée (corroborant les mots d'Umberto Galimberti dans le livre "Qu'est-ce que l'amour ?" : "il semble que la solitude du cœur soit abyssale, au point de ne pouvoir être atteinte par aucune voix humaine"), en insécurité permanente, ni homme ni femme, ce qui ne l'empêche pas de rêver. C'est une histoire pudique, touchante, d'un passager clandestin dans la grande machinerie humaine. Et un grand rôle pour Glenn Close au cinéma.