Les ballons d'hélium
de Grégoire Polet

critiqué par Sundernono, le 5 décembre 2013
(Nice - 41 ans)


La note:  étoiles
Ariana
Cinquième roman de Grégoire Polet, les ballons d’hélium se démarque clairement de ses prédécesseurs par son sujet délicat, celui de la perte amoureuse.

Ariana a tout pour être heureuse, un mari qui l’aime passionnément, deux enfants et pourtant… Tout démarre bien avant cette vie là, une rencontre, un instant unique de ceux qui vous marquent au fer rouge. Roland est plus âgé qu’elle, jeune espagnole sans expérience, il pourrait même être son père mais qu’importe, la passion est là, dévorante, inexorable, puissante, de celle que rien ne peut arrêter. Ariana va se perdre dans cet homme qui la quittera peu de temps après sans laisser la moindre trace.
De ce moment intense Ariana ne se relèvera jamais.

A partir de ce constat Grégoire Polet navigue entre présent et passé, amour et folie, réel et facticité d’une vie n’ayant plus de réel attrait. Il nous plonge au plus profond du cœur et de l’âme de cette femme à jamais blessée. Nous sommes témoins du quotidien et du rôle joué par Ariana, son mariage, ses enfants, sa vie, tout n’est qu’imposture.
Une coquille vide, voilà ce qu’est Ariana.

Une surprise, voilà la première réflexion qui me vient à l’esprit pour évoquer ce roman. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que ces Ballons d’Hélium n’a rien à voir avec tout ce que j’ai pu lire de cet auteur que j’apprécie grandement. Point d’humanisme, aucune réflexion sur l’Art, nuls personnages attachants. Où est passée cette plume fine et chaleureuse ?
Tout n’est que noirceur à l’image de Chucho qui s’approche quelque peu de ce roman mais qui s’en distingue par la lueur et l’espoir qui pouvaient s’en échapper.
Je ne vais pas mentir en disant que j’ai aimé ce roman. En toute honnêteté j’ai été soulagé de le refermer une bonne fois pour toute. Peut être que certains lecteurs aiment ce genre de littérature torturée mais tel n’est pas mon cas. La principale raison de ce rejet de ma part provient de mon ressenti envers le personnage principal. Pour moi Ariana est folle, égoïste, égocentrique et une déception amoureuse aussi forte soit-elle ne peut expliquer son comportement. Qui n’a jamais souffert par amour ? Cela peut-il emmener à l’envie de supprimer tout ce qui a été construit ultérieurement ? Je n’adhère pas.
Les personnages secondaires qui font bien souvent la force des romans de cet écrivain de talent font cruellement défauts. Certes ils existent, sont là, mais à quoi servent-ils ? Pas grand-chose à vrai dire…
Cependant il ne faut pas omettre de dire que Polet retranscrit parfaitement l’état de manque et de vide propres à la rupture amoureuse. Les ballons d’hélium est un roman déchirant dans lequel les mots sont justes et le style délicat même si quelquefois Polet se perd dans des paragraphes quelque peu alambiqués.

Un roman éprouvant, une erreur de casting.