Edward, Edward
de Lolah Burford

critiqué par FranBlan, le 3 décembre 2013
(Montréal, Québec - 82 ans)


La note:  étoiles
Lecture sombre, mémorable...
Ce livre appartenait à ma mère, je le conserve dans ma biblio depuis plusieurs décennies; j’ai mis tout ce temps à le lire pour la simple raison que plusieurs éléments traités dans cette histoire m’attiraient peu, en dépit de ma fascination pour un contexte historique d’Europe napoléonienne (1795-1816), que je connais mal.

Exposée en trois parties (sept cents pages), dans un style qualifié à la fois d’aventure picaresque et d’étude raffinée, cette histoire dérangeante est originalement publiée en 1973 par Lolah Burford (1931-2002), romancière américaine née au Texas, qui a publié six romans et était l’épouse du poète William Burford.
L’écriture est magnifique, d’une très grande finesse tout en étant rigoureuse, alors que parfois encline au débordement; ce récit, extrêmement troublant, captive du début à la fin.

Sur un pari, le comte de Tyne séduit une jeune femme; six ans plus tard, celle-ci malade, le retrouve, elle est accompagnée de son fils qui est peut-être le sien ou non, car cette jeune femme, à peine une semaine après avoir été séduite par le comte, a épousé un autre homme, décédé accidentellement.
Elle décède à son tour et son fils, Edward, âgé de six ans, devient la pupille du comte.
Malheureusement pour lui, l’enfant, d’une très grande beauté, ressemble de façon troublante à sa mère.
Le comte développe aussitôt une fascination ambiguë pour cet enfant.
En vieillissant, Edward essaie en vain d’échapper à l’influence néfaste de son gardien, étant totalement subjugué par celui-ci.
Cette histoire est des plus complexe et des plus sombre.

Malgré qu’ils soient traités des plus sobrement, la violence, l’abus physique et sexuel, la cruauté, l’inceste sont omniprésents tout au long de cette lecture.
Cent cinquante pages auraient facilement pu être retranchées de ce texte, alors que l’auteur fait étalage d’une érudition impressionnante de cette époque par de très longues envolées lyriques sur les guerres napoléoniennes, les politiques et les coutumes sociales qui prévalaient, en plus de longs débats ou soliloques brillamment articulés par les personnages principaux.

Un climat souvent surréaliste, un récit incroyable, une histoire des plus sombre, une écriture extraordinaire, deux héros aussi troublants qu’admirables; tous ces éléments contribueront à entretenir un souvenir mémorable de cette lecture que j’ai lue en version originale américaine, toujours disponible, du moins sur Amazon, mais qui malheureusement, ne semble jamais avoir été traduite en français.