Cyber China
de Xiaolong Qiu

critiqué par Ardeo, le 25 novembre 2013
(Flémalle - 77 ans)


La note:  étoiles
Les aventures de Chen au cybercafé
Il y a peu, j’ai découvert Qiu Xiaolong avec « Mort d’une héroïne rouge » et tout naturellement, puisque ce roman m’avait bien plu, je m’en suis procuré un autre, en fait son dernier puisque « Cyber China » date de 2012. Par rapport à « Mort… », la nouveauté, c’est que l’inspecteur Chen a été promu et est devenu « quelqu’un » dans le Shangaï où il vit et où il travaille. De plus, il compose avec les nouvelles technologies et nous voyons que -comme dans bon nombre de romans contemporains- interviennent les « portables », les ordinateurs, les blogs, les réseaux sociaux, les gps …. Qiu nous montre que comme partout dans le Monde, la Chine est en train d’évoluer autour de ces technologies et que si les effets pervers sont nombreux, malgré tout, l’Internet et les moyens de communiquer entre citoyens vont peut-être empêcher qu’elle se perde dans ce socialisme bien « libéral » avec des riches de plus en plus riches, des classes de plus en plus marquées, de la corruption à tous les niveaux et un Parti omniprésent qui défend bec et ongles les privilèges dont bénéficient ses membres les plus influents !
L’histoire débute par le suicide d’un haut cadre qui avait été placé sous shuanggui (sorte de mise sous surveillance dans un hôtel hyper surveillé par différentes instances officielles) et qui semble bizarre à Chen, chargé de superviser puis d’accréditer la thèse des partisans de cette mort par suicide. Un autre policier subalterne est chargé de l’enquête "de routine" proprement dite et bientôt, des « étrangetés » apparaissent. Une deuxième mort violente plongera Chen dans le cœur de l’affaire et il va rencontrer des personnes qui ont eu affaire de près ou de loin avec les décédés : un blogueur, une journaliste, des collègues méfiants, des collègues coopérants, une « petite secrétaire » … Chen va découvrir ce qu’il savait déjà, c’est-à-dire cette immense corruption qui gangrène son pays et il décidera de mener l’enquête jusqu’à sa conclusion malgré les manœuvres pour le décourager d’aller à la vérité venant de toutes parts et malgré sa position privilégiée en tant que haut responsable dans la police officielle.
A côté de cela, Chen reste un homme cultivé épris de littérature et de poésie, amateur de choses raffinées, de vins fins et de cuisine traditionnelle savoureuse mais aussi un homme généreux vis à vis de ses semblables et attentif à sa vieille mère. Le roman est semé de nombreux poèmes de son cru ou d’auteurs chinois renommés (poèmes qui peuvent être lus en rapport avec les avancées de l’enquête ou les états d’âme de notre héros) et de descriptions minutieuses des nombreux repas dans la plus pure tradition de la cuisine chinoise.
Certains de ces nombreux poèmes inclus dans le livre ou des descriptions de repas empêchent souvent le « suspense » de se dérouler mais au total, le roman est plaisant, instructif sur cette Chine encore si lointaine pour nous occidentaux et fort bien écrit.