La récréation
de Frédéric Mitterrand

critiqué par Veneziano, le 23 novembre 2013
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Vie de Ministre et ragots people
Frédéric Mitterrand raconte sa vie de Ministre de la Culture et de la communication de Nicolas Sarkozy et François Fillon, qu'il devient de juin 2009 à mai 2012. Il dresse son parcours inattendu comme un journal de bord, avec ses rencontres, son agenda quotidien et les pensées qui lui viennent sur ses activités, ministérielles, parfois extra-politiques. Tout s'y croise, s'y succède, pour le meilleur et pour le pire.
La lectrice et le lecteur découvrent certes tous les déplacements, incessants, pour contrôler les chantiers de restauration du patrimoine et de soutien aux arts du spectacle, les rencontres avec les Chefs d'Etat et Ambassadeurs, les réunions officielles, quelques anecdotes aimables, parfois croustillantes du Conseil des ministres ; il revient sur le scandale dont il a fait l'objet, juste après son soutien à Roman Polanski, juste après son arrestation et son assignation à résidence. Il reste assez peu prolixe et aussi peu convaincant qu'il ne l'a été médiatiquement in vivo. Il n'arrive que mal à masquer sa fameuse "mauvaise vie", exhumée malgré lui, quelques années l'avoir couchée sur le papier, dans un précédent livre, que je n'ai pas lu, mais qui sert d'autoportrait à charge. Il se défend mal, tente vainement de l'auto-dérision. On passe vite à autre chose ; c'est sans doute mieux...
Passer vite à autre chose, c'est un peu la méthode de ce vade-mecum ministériel, aussi léger qu'instructif sur l'activité journalière d'un membre du gouvernement dont on se demande comment il les comble. Et, cabot, il ne s'empêche pas de nous livrer son appréciation sur ses collègues, les officiels qu'il croise, Préfets, Ambassadeurs, tant sur leur personnalité que sur la plastique de ces messieurs. Pendant la première moitié du livre, on dirait qu'il ne pense qu'à cela, ce qui ne manque pas de laisser songeur, de la part d'un Ministre, qui ne manifeste aucune honte, voire un plaisir non contenu, à se décrire lui-même comme un mateur convulsif. J'exagère quelque peu, certes, mais d'assez peu !
Admettons que ces anecdotes tantôt croustillantes tantôt racoleuses fassent partie d'une stratégie promotionnelle de l'ouvrage.
La seconde moitié de l'ouvrage devient majoritairement fondée sur son passage ministériel, le ton tourne plus substantiellement au politique. Près de dix-huit mois seraient utiles pour occuper pleinement cette fonction. Ce n'est sans doute pas impossible. Et il s'avère instructif sur les modes décisionnels, l'agenda gouvernemental, les priorités à donner. Ce livre a du bon, sans doute en sélectionnant quelque peu les passages.