Le fils de l'officier, Tome 3 : La tête en feu
de Patrick Cothias (Scénario), Patrice Ordas (Scénario), Christelle Galland (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 1 février 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Le fils du fils de l’officier est né à Châtellerault alors connu pour sa manufacture d’armes
Dans le premier tome nous avions beaucoup voyagé avec le héros Sidoine (fils d’une Sidonie au passé bien mystérieux). Ce dernier apprenait qu’il était né en Indochine et que celui qui l’avait élevé en Bretagne (à Saint-Gildas, il y a trois Saint-Gildas dans la Bretagne historique, c’est celui des Côtes-du-Nord devenues Côtes-d’Armor) était son père adoptif. Ce dernier se suicide et afin de lui éviter le vagabondage, il est placé en colonie pénitentiaire à Aniane dans l’Hérault (entre Montpellier et Lodève). Il est privé d’un avant-bras par une machine qu’il manipule mal. Il en sort au bout de deux ans et remontant par Limoges, il fait un séjour prolongé à Châtellerault dans la Vienne puis rejoint son village breton. Le tome 2 le laisse se reposer là et toujours inquiet par sa méconnaissance de ses véritables origines, il apprend avec une grande joie que la guerre déclarée, il va pouvoir rencontrer celui qu’on lui a dit être son géniteur, à savoir un officier de la coloniale rentré en métropole pour défendre son pays.

Dans ce troisième tome, ce dernier va apprendre à Sidoine ce que le lecteur sait depuis le tome 2 sur les véritables parents, avec un petit complément tout frais. La rencontre se fait près de Rethel dans les Ardennes d’après le contenu de l’album. On est à la fin d’août 1914, après la bataille de Charleroi (il est fait allusion à cette dernière) et à partir de l’historique du régiment on pourrait être dans le canton de Signy-le-Petit lorsque Sidoine montre une fois de plus que son sentiment de la justice rentre toujours en contradiction avec les intérêts dits "supérieurs" de ceux qui ont des responsabilités dans la société. Ici son action de sympathie vis-à-vis de soldats bretons du 48e RI (basé à Guingamp, alors dans les Côtes-du-Nord), face à des tirs sur ordre d’un général de la prévôté (gendarmes au sein de l’armée) en direction de poilus se repliant.

Ce troisième tome est extrêmement riche par ses thématiques : soldats bretons, combat dans les Ardennes en août 1914, action discutable de la prévôté, jugements pour tirs sur gendarmes, abandon de poste et blessures volontaires se concluant par la mort devant un peloton d’exécution, fuite sur les routes de civils belges ou du nord-est de la France, travail de réhabilitation (l’amoureuse de Sidoine renvoie au personnage de la veuve Maupas), élection massive de députés anciens combattants en 1919 (Chambre bleu horizon), annonce de l’armistice du 11 novembre dans un village breton, construction et inscriptions pour un monument aux morts… Le graphisme est un bon reflet de ce qui se fait de mieux en BD historique. Voilà une série qui a sa place dans tous les établissements scolaires secondaires de Bretagne et devrait trouver un fort lectorat dans les départements de la Vienne (dans ce troisième volume, on a une allusion aux 32e et 232e RI basés à Châtellerault, on aurait pu aussi en faire une autour des hommes de multiples nationalités embauchés à la manufacture d’armes de cette dernière ville) et des Ardennes.