Catastrophes
de Pierre Samson

critiqué par Libris québécis, le 21 novembre 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Cloué à la croix du cirque littéraire
Affublé du prénom d’un apôtre crucifié par les Romains, Pierre Samson secoue la guigne qui est le lot de l’écrivain en se vengeant de tous ceux qui le clouent à la croix de l’écriture. Il donne libre cours à sa frustration en l’exploitant contre tous les éditeurs et leurs corollaires, qui détournent la circulation de l’autoroute littéraire pour réserver la voie à leurs poulains.

Quelle catastrophe pour l’écrivain qui a accouché d’un chef-d’œuvre condamné aux oubliettes ! Le héros s’emploie, comme critique, à ressusciter son Lazare, un romancier mexicain du Québec. Ne soupçonnant pas le précipice, les protagonistes se précipitent sur le mont Thabor afin de s’enquérir de la bonne nouvelle. Hélas, la divine œuvre de Taissir Vilmis a disparu ! Commence alors une course folle pour la retrouver.

Dans le même créneau que Je suis un écrivain japonais de Laferrière, le roman de Samson montre la roublardise de ceux qui accordent l’imprimatur à ce qui encombre les rayons. À tous ceux-là, ces deux auteurs réservent un cru décevant à la hauteur du dépit qui les attend. Il s’agit d’une fiction qui dénonce les magnats des lettres. Mais la vertu, mise en exergue, risque de rester lettre morte, à l’instar du beau rêve des utopistes qui se contentent de cuver leur vin sur le dos de ceux qu’ils dénoncent

C’est un canular qui sent le soufre du gongorisme. L’écriture manque de pédagogie en abusant de l’apposition et de l’incise, glissées incongrûment entre le sujet et le verbe. Difficile alors de suivre les aléas de la trame. Cette œuvre est séductrice, mais le fatras des descriptions perd le plaideur dans la défense de sa cause.

L'auteur vient de remporter le Prix littéraire 2013 de Montréal avec La Maison des pluies.