Je compte les morts
de Geneviève Lefebvre

critiqué par Dirlandaise, le 19 novembre 2013
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une histoire complexe et très noire
Antoine Gravel est un scénariste dans la quarantaine, bel homme mais vivant seul à Laurenceville depuis que sa femme l’a quitté pour un autre. Sa seule compagnie est un cochon mélomane et grognon répondant au nom de Tony. Un jour, Antoine reçoit une demande de scénario de nulle autre que Maggy Sullivan, une réalisatrice mariée à un riche homme d’affaires s’étant enrichi dans la vente de drogue. Mais le temps presse pour Maggy car son mari se meurt d’un cancer et elle désire absolument qu’il puisse visionner le film avant de mourir. Pourquoi un tel désir et surtout que recherche Maggy en voulant tourner l’histoire de celle qui a dit non, Maria Goretti. La triste histoire sera adaptée à la réalité d’aujourd’hui et se passera dans le quartier ouvrier de Pointe Saint-Charles, l’un des plus anciens quartiers de la ville de Montréal principalement habité par des francophones de descendance irlandaise. Antoine se rend donc dans le quartier pour écrire son scénario et il fait la rencontre d’une ancienne junkie et de sa fille adolescente. Il adopte le café tenu par Lucie et devient copain avec sa fille Laurie la renarde. Cependant, le quartier est bientôt le théâtre de nombreuses noyades de jeunes filles. La police conclut à des suicides ou des morts accidentelles mais l’inspecteur à la retraite Martin Desmarais décide de mener sa propre enquête.

Excellent polar d’une auteure québécoise fort talentueuse. J’ai lu avec avidité cette histoire complexe de tueur en série recherchant ses proies parmi les jeunes filles de ce quartier défavorisé miné par le chômage, la drogue et l’alcool. La construction du livre est impeccable et tient le lecteur en haleine du début à la fin. Je dois dire que je me suis laissé captiver par cette effroyable histoire et surtout, j’ai lu avec horreur les motivations perverses habitant le détraqué capable de gagner la confiance de ses victimes sous des dehors de beau garçon séduisant. En parallèle, il y a aussi la triste histoire de Maggy Sullivan qu’Antoine découvre au fil de ses rencontres avec la réalisatrice.

Un livre qui se lit comme un charme malgré le sujet très noir et les descriptions assez déprimantes de la vie de ce quartier voisin de Griffintown, dévasté par la pauvreté et une misère tenace dont bien peu parviennent à échapper.

Une belle découverte et une lecture fort satisfaisante. Un livre à classer parmi les bons polars québécois.