Une canne à pêche pour mon grand-père
de Gao Xingjian

critiqué par Jules, le 22 janvier 2001
(Bruxelles - 80 ans)

La note: étoiles

Une écriture vraiment nouvelle

Dès les premières lignes, on est dans un autre monde, une autre écriture.
Le moins que l'on puisse dire est que ce livre apporte quelque chose de nouveau. Il s’agit d'un recueil de nouvelles. Dans " l'Accident ", tout se passe en quelques secondes et puis viennent les réflexions. Les avis évoluent comme le ressac, ils changent par vagues. Mais le plus phénoménal, c’est la fin de la nouvelle… La grande suite des " puisque ", " comme ", " si " et " si "… Assez extraordinaire !…
La nouvelle " Dans un parc " est un résumé de ce qui a échoué et qu’il est impossible de tenter à nouveau. La situation est d’autant plus dure qu’elle a été imposée aux protagonistes de l’histoire par des événements extérieurs.
La meilleure, pour moi, c'est " Une canne à pêche pour mon grand-père " qui donne son titre au livre. C'est inouï toutes les idées qui peuvent venir à l’esprit quand on a acheté une canne à pêche pour son grand-père !. Ici aussi nous avons une écriture tout à fait particulière. De cet achat découlent toute une série d'idées dans la tête de l'acheteur. Il en arrive à se dire qu'il doit retourner dans son village natal, mais il n'y reconnaîtra plus rien et se perdra.
C’est très particulier, chez Gao Xingjian, ces suites de pensées en escaliers. C'est comme si l’on déroulait une pelote sans savoir où elle va aller. En pleine visite, il se retrouve dans un avion, à plusieurs reprises, sans un arrêt, il passe de l'avion, ou d'un lieu, à nous décrire un but de Rummenigge ou de Maradona. Mais nous étions à des milliers de kilomètres de là, dans une dune de sable, à chercher une maison et un grand-père !…
Quant à la dernière, son titre dit bien ce que c'est : " Instantanés ". Cette nouvelle ne se compose que d'instantanés photographiques, ou de plans de cinéma. Il n’y a quasiment aucune suite dans ce long récit, à part la montée inexorable de la mer qui se retrouve tout au long des pages. Pour le moins spécial !. J’aurais presque tendance à considérer cela comme une expérience d'écriture.
Il n'empêche que " l'Accident ", " Le Parc " et " Une canne à pêche pour mon grand-père " sont vraiment à lire. Tout au long de ces récits, nous sentons en permanence les douleurs provoquées par la fameuse révolution culturelle et ses cicatrices, bien loin d'être refermées !

Nouvelles novatrices
S'inspirant du théâtre absurde et de l'écriture automatique, Xingjian crée plusieurs nouvelles mémorables, ponctuées de dialogues réussis. Qu'il s'agisse de mettre en scène une ambiance particulière, de discuter autour un d'un accident ou encore de produire un interminable monologue intérieur, dans lequel il est question d'une canne à pêche, le lauréat du Prix Nobel en 2000 s'avère être un conteur habile et agréable à écouter. Certes, certains lecteurs sont susceptibles de rester perplexes face à cet univers si particulier et face à ces nouvelles qui rompent avec les règles traditionnelles (la chute par exemple). Cependant, j'ai été personnellement conquis par cette originalité et par des textes relativement brefs qui suscitent une kyrielle de sentiments différents. Ce recueil me pousse à lire d'autres textes de Xingjian. Matthias1992 - - 32 ans - 21 octobre 2007

Subtile douceur
Quelle belle écriture! Je suis tombée sous le charme de la plume poétique de Gao Xingjian. De la douceur, de la sensibilité, énormément d'humanité dans ces six nouvelles qui évoquent l'homme, l'humanité, l'enfance, les souvenirs ou encore l'amitié. L'auteur possède une manière de raconter qui crée une torpeur séduisante, on se laisse envoûter par ses textes. Je me suis promenée au fil des récits au coeur des destins des protagonistes. Je ne résumerai pas chaque nouvelle, je préfère vous les laisser découvrir, elles sont si belles, en particulier "Une canne à pêche pour mon grand-père" et "Instantanés". Un livre à parcourir avec gourmandise, pour le bien qu'il procure. Sahkti - Genève - 50 ans - 18 octobre 2007

Une excellente introduction à l'oeuvre de Gao Xingjian
On retrouve dans "Une canne à pêche pour mon grand-père" la qualité d'écriture de Gao Xingjian, "des suites de pensées en escalier" comme le dit justement Jules, et des sauts du coq à l'âne, et puis ces phrases qui se déroulent et qu'on suit sans savoir où elles vont nous mener. La même qualité d'écriture que dans "La montagne de l'âme", mais ici dans des textes plus courts, plus directement émouvants aussi (surtout "L'accident" et la nouvelle-titre). Les nouvelles rassemblées dans ce recueil constituent donc une excellente introduction à l'oeuvre de Gao Xingjian, et pour ma part, je les conseille volontiers à tous ceux qui voudraient découvrir son oeuvre. Fee carabine - - 50 ans - 4 novembre 2004

Bredouille !
L'auteur est chinois, et écrit depuis les années 80. Peintre, poète et aussi dramaturge il a obtenu le prix Nobel de littérature. et vit actuellement en France. Il s'agit d'un recueil de six nouvelles, sur des sujets variés: souvenirs d'enfance, les bonheurs simples de l'amour et de l'amitié, le pays natal et les lieux familiers, les drames de la rue...... J'ai été déçu par ce livre ! Sur les six nouvelles, une seule présente un petit intérêt, celle qui donne son titre à l'ouvrage. Elle porte sur la nostalgie des lieux et des personnes disparus. Le narrateur achète une canne à pêche ultra moderne pour son grand-père bien que celui-ci soit décédé depuis pas mal de temps! Le récit est gâché par des commentaires provenant de la retransmission télévisée d'un match de football. J'ai trouvé que ça n'apportait rien, et même que cela plombait pas mal le reste! En sus on trouvera : un accident de la circulation, un couple de jeune mariés qui rencontre un monsieur qui cherche à attraper des criquets,..... j'en passe et des meilleures! Malgré une bienveillance particulière envers ces écrivains qui ont connu un parcours difficile je ne peux recommander cet ouvrage. Léonce_laplanche - Périgueux - 88 ans - 3 novembre 2004