Carnet de route d'un gosse des tranchées
de Léon-Antoine Dupré

critiqué par JulesRomans, le 11 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Les Mayenne appartenaient à la famille de Lorraine-Vaudémont et la Mayenne appartenait au Maine
Né en septembre 1897, Léon-Antoine Dupré s’engage en juillet 1915 dans un régiment d’artillerie et il commence son journal lorsqu’il sait en mai 1916 qu’il ne va pas tarder à rejoindre le front. Pour la Mayenne voici un second témoignage capital de poilu, en effet nous avions déjà évoqué Ma pièce, souvenirs d’un canonnier 1914 qui fut un des possibles prix Goncourt pour 1916 (soutenu en particulier par Mirbeau), texte reproduit dans Avec une batterie de 75 : 1914-1916 ; il fut écrit par Paul Lintier né le 13 mai 1893 à Mayenne. Carnet de route d’un gosse des tranchées a donc été écrit par Léon-Antoine Dupré, ce dernier est né en 1897 à Laval ; fils de médecin, il deviendra dentiste à Granville dans la Manche au début des années 1920.

La première idée intéressante de cette première édition est d’avoir choisi un papier de type particulier qui rappelle les éditions luxueuses de l’Entre-deux-guerres et permet une reproduction de très bonnes qualités d’aquarelles réalisées trente ans plus tard et de photographies de l’époque. La seconde initiative est de proposer le texte à gauche en caractère d’imprimerie et la reproduction du texte manuscrit.

De fin juillet 1916 à juillet 1918 (où il est gazé) on suit le Narrateur. Il est maréchal des logis en juillet 1917 en partie pour son courage lors d’un bombardement. Le moment (page 222) où ayant perdu son régiment suite à une escapade amoureuse suivie d’un bombardement a un très bon rendu dramatique ; si ses camarades n’avaient pas simulé sa présence, il passait pour déserteur.

On notera l’importance des passages consacrés aux chevaux et ceci dès le départ puisqu’à Orange sont rassemblés en mai 1916 des équidés à destination de l’armée serbe car l’auteur appartient aux batteries volantes déplacées par la force animale. L’auteur ne se contente pas de proposer ces observations et le contenu de certaines ses lettres. Toute la famille est à l’armée : sa mère est infirmière, son père médecin et son frère soldat. Il reproduit également des courriers venant de l’arrière ou de soldats sur d’autres parties du front. Ainsi une lettre de H. Guybert au 35e RAC montre l’importance de la dernière offensive allemande à la fin du printemps 1918, Léon-Antoine Dupré vient de passer au 257e RAC.

Il n’y a aucun appareil de notes, aussi faut-il recourir parfois aux dictionnaires d’argot du poilu comme pour "coco" (page 34) ou "j’ai fait le bon fourrier" (page 238) ou aux historiques des régiments pour savoir précisément où l’auteur et ses amis sont.