Comment parler de la Grande Guerre aux enfants
de Sophie Lamoureux

critiqué par JulesRomans, le 11 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Comment éviter cris et larmes avec ce livre (et pas sur le sort des poilus)
L’idée, de grouper de 8 à 10 questions sur un thème illustré par un document présenté en pleine page, est excellente. La réflexion en quinze points, porte sur l’évolution du rapport de force entre belligérants, les conditions humaines et matérielles de mobilisation, l’industrialisation de la guerre, les troupes coloniales, la vie à l’arrière, le soldat inconnu …

Le livre se veut un outil convivial, il est destiné aux adultes parents ou enseignants, afin qu’ils expliquent le conflit aux jeunes; chaque question est cataloguée soit pour des 5-7 ans, 8-10 ans et 11-13 ans. Les commentaires proposés pour des 5-7 ans et les 8-10 ans sont très adaptés à … des 11-15 ans. Pour les enfants scolarisés au CM1-CM 2 on peut travailler avec eux toutefois sur tous les textes à destination des 5-7 ans et sur certains du niveau supérieur. L’objectif est la convivialité pas les cris et les larmes … Les pages 38 à 106 sont accessibles aux collégiens de manière autonome, la trentaine de premières pages et la bibliographie page 107 restent pour des adultes parents ou enseignants de jeunes au CM1-CM 2 et au collège.

Pour qu’on ne vienne pas me dire que je critique le travail des autres sans rien proposer, je signale qu’avec des enfants de sept ans j’ai déjà mené un travail de lecture de "Flambeau" de Benjamin Rabier. Si l’on veut parler intelligemment de la Grande Guerre à des jeunes du CP au CM 2, il faut travailler sur des albums de littérature de jeunesse (ou des pages tirées de journaux pour enfants) produits pour ceux qui étaient jeunes entre 1914 et 1918. Mais oui, mais c’est bien sûr ! Rappelons qu’ici nous avons fait la critique de "Flambeau", "Mon village" de Hansi et "Les Pieds-Nickelés s’en vont en guerre".

L’iconographie n’a été prise que du côté français mis-à-part un tableau anglais qui représente une attaque aérienne sur Zeebrugge en Flandre belge par des avions anglais. Je vois une fois de plus l’absence d’esprit pratique de ceux qui font la mise en page, un document rectangulaire gagne, pour être lisible, à être mis dans le même sens que la page. Tourner le livre ne demande pas d’effort par contre un format réduit demande de gros effort de lecture. Mettre 11 cm entre l’Alaska et la pointe la plus orientale de la Russie pour une carte qui fait défiler successivement l’Amérique, l’Afrique et l’Europe puis l’Asie, c’est forcément rendre incompréhensible la division territoriale d’alors dans les Balkans (surtout pour des frontières de 1914 où Serbie, Roumanie et Grèce sont bien plus petites qu’aujourd’hui).

Présenter la même carte dans l’autre sens c’est proposer plus de 20 cm entre les pointes territoriales extrêmes. De même le tableau de Jean Galtier-Boissière qui montre les invalides défilant pour le 14 juillet 1919 aurait gagné à être présenté dans le même sens que la page. De plus les deux extraits de la même carte du front ont trois inconvénients : elle présente la situation du front à diverses époques non indiquées, elle "mange" le département des Vosges (avec une présence des armées allemandes en certains points) et la partie sud de l’Alsace (occupée par les Français), il s’agit d’une carte avec les frontières de 1919, le département de la Moselle et le territoire de la Sarre ont été créés.