A la merci d'un courant violent, Tome 1 : Une étoile brille sur Mount Morris Park
de Henry Roth

critiqué par Poet75, le 5 novembre 2013
(Paris - 68 ans)


La note:  étoiles
Passionnant
Premier roman, premier volume d'une tétralogie. En fait de roman, il ne s'agit de rien d'autre que d'une autobiographie. C'est lui-même qu'Henry Roth dépeint sous les traits d'un petit garçon juif de 8, 10 ans appelé Ira Stigman et vivant dans un quartier de New York, l'Irish Harlem, au cours des années 1917-1920. Je comprends qu'Henry Roth ait essayé de déguiser son oeuvre en roman car jamais peut-être on n'a été aussi loin dans sa vérité. Quand les écrivains rédigent leur autobiographie, en général ils prennent soin de faire le tri, de garder tel souvenir, de dissimuler tel autre, voire de porter des masques ou de transformer complétement la réalité, de l'embellir. Avec Henry Roth, on sait dès les premières pages qu'il n'y a rien de tel. Le ton est d'une étonnante franchise et les faits relatés le sont aussi. Ira est un garçon pauvre, vivant auprès d'un père irascible, dans un quartier peuplé d'Irlandais qui le traitent de "maudit juif" et devant très tôt se trouver un emploi. Ira est un garçon qui, très tôt aussi, sera sali par les mots et les gestes de certains adultes et qui en sera meurtri à jamais. Ce livre, à cause de son extrême franchise, provoque chez le lecteur à la fois de la gêne et une profonde admiration. Et, lorsqu'on l'a refermé, on se dit qu'on vient de lire une grande oeuvre, un texte unique et remarquable.