Arthur
de Michel Rio

critiqué par Folfaerie, le 30 mai 2003
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Arthur, Rex quodam, Rex futurus...
Michel Rio a entamé son Histoire de Bretagne, il y a une dizaine d'années, par Merlin. Ce triptyque s'est poursuivi avec Morgane et achevé avec Arthur, que je me propose de critiquer aujourd'hui. Une pierre de plus apportée à cet imposant édifice, constitué de tous les écrits relatifs à la genèse de la Table Ronde, qui n'en finit pas de fasciner, pour mon plus grand bonheur en tout cas. J'avais eu le coup de foudre pour Merlin, un livre magnifique, "plein de bruit et de fureur", noir mais éclairé par la magie de Merlin, et écrit dans une langue sublime.
Avec Arthur, Michel Rio nous livre enfin la fin d'un monde, et par là-même un superbe portrait de ce roi mythique, écartelé entre ses principes et son idéal de pureté, et la tentation, la corruption et le mensonge.
En fait, Arthur n'a jamais su choisir entre son Maître Merlin, représentant la Sagesse, l'Idéal, la Connaissance et l'Indépendance, et Morgane, prêtresse sublime et intelligente, mais dont l'esprit perverti conduit le monde à la folie.
Ce qui m'a séduite, en dehors de la langue et du style, c'est ce portrait un peu inhabituel du grand roi. Tant de choses ont été écrites sur les principaux protagonistes de la Table Ronde, tant de versions et d'interprétations, ce qui est le propre de toute légende, qu'il est parfois un peu difficile de garder une image précise d'un personnage. Cet Arhur là, plus éloigné ds champs de bataille et moins simpliste que chez certains auteurs, nous apparaît comme un grand roi, sage et juste, pris au piège de ses propres idéaux, faible car avant tout humain. Sa passion dévastatrice pour sa soeur Morgane, dont il sait qu'elle va le mener à sa perte, ses rêves de grandeur, qu'il ne pourra réaliser... Un roi lucide, à la fois heureux et amer,pur et corrompu, soutenu envers et contre tout par le Magicien.
Un hommage lyrique et poétique que devraient lire tous les passionnés de la légende.