500 témoins de la Grande Guerre
de Rémy Cazals

critiqué par JulesRomans, le 9 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Le Madelon se jette dans la Brenne et la Madelon s'en jette un derrière la cravate
Le directeur de la publication a préfacé un certain nombre de livres présentant des souvenirs de poilu comme "Une lettre par jour : correspondance de Joannès Berger, poilu forézien, avec sa famille (1913-1919)". Il est connu pour avoir commenté "Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier" paru en 1978 avec la collaboration de la Fédération audoise des œuvres laïques. Signalons à ce propos qu’au contraire de ce qui est fait l’usage (et l’utilité) veut que l’on mentionne plutôt en histoire la date de la première édition ici 1978 et non celle de la dernière là 2003, si on en indique qu’une. Par ailleurs pour la présentation de Louis Barthas, on est heureux de voir mentionner que son courrier à Pierre Brizon figure dans "Nous crions grâce", on verra sur Critiques libres ce que nous avions dit de la biographie consacrée à Pierre Brizon.

Le panel choisi veut rassembler les « soldats de toute arme et de tout grade, du 2e classe au général, civils et civiles, notamment celles qui ont tenu un journal en pays envahi ». On a un index des unités cités, pour les régiments d’infanterie d’active ou de réserve, rares sont ceux qui ne renvoient pas au moins à un témoin. Le 23e RI (de Bourg-en-Bresse) et le 280e RI (de Narbonne) en ont même sept.

Les ouvrages parus jusqu’à fin 2012 sont présents puisque le témoin Charles Vuillermet est là grâce à "Charles Vuillermet (1890-1918) : Carnet et dessins d’un officier savoyard dans la Grande Guerre", un livre présenté par nous sur Critiques libres. On aurait aimé une représentation de chaque département par au moins deux personnes ; or n’ont aucun représentant les Hautes-Alpes, la Mayenne et le Territoire de Belfort (en 1914 appelé Haut-Rhin resté français). Ne compte qu’un témoin par exemple le département de la Vendée et celui des Basses-Alpes. La Haute-Loire est représentée uniquement par Pierre Bringuier qui est alors drômois depuis plusieurs années. Ceci ne nous semblait pas impossible comme engagement, car pour la Vendée par exemple nous connaissons deux livres de souvenirs autre que celui cité et de nombreux témoignages dans des articles de périodiques

Parmi les Alsaciens-Lorrains passés dans le camp français si celui très intéressant du jésuite Aloyse Stauder est ignoré par contre est présent en particulier de Pierre Schlund dont les parents ont une usine à Guebwiller. Félix Waag né à Rouffach est lui officier de l'armée allemande dès le milieu de l'année 1915.

On s’aperçoit que les officiers sont assez nombreux et leurs commentaires bien différents, le commandant Henri Bénard (né en Arles) n’hésite pas à parler de choses qui lui sont désagréables comme de menacer ses hommes de mort avant l’assaut alors que Bernard de Ligonnès (de la Lozère) gomme tout aspect qui pourrait montrer la souffrance des soldats.

Des départements ou régions où la collecte de témoignage a été intense se voient consacrer un point particulier où à côté des noms de ceux qui ont leur propre notice, d’autres poilus sont évoqués très briévement. C’est aussi l’occasion d’y développer l’importance des morts et la mémoire qui s’est développées autour de ceux tombés au champ d’honneur. Bénéficient de ce traitement privilégié l’Aude, la Bretagne, la Corse, la Drôme, le Lot-et-Garonne, la région du Nord. Parmi les témoins hommes de plume, j'ai repéré Pierre Loti, Louis Pergaud, André Kahn (grand-père de Jean-François Kahn) et Teilhard de Chardin.