La 7e femme
de Frédérique Molay

critiqué par Shelton, le 3 novembre 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon roman, un bon polar, un bon moment de lecture, tout simplement...
Le prix du quai des orfèvres est systématiquement attribué à un auteur francophone sur manuscrit anonyme ce qui assure la sincérité et l’intégrité. Qui plus est, le jury est composé, entre autres, de policiers et d’écrivains, cela pour éviter les romans trop folkloriques et éloignés de la réalité vécue lors des affaires criminelles. J’avoue ne jamais avoir vécu ou suivi d’enquêtes policières, mais très souvent ces romans choisis me donnent le sentiment d’être habités de personnages très crédibles, à défaut de très humains car un criminel reste malgré tout un criminel… et, cette fois-ci, nous sommes en présence d’un sacré phénomène !

Frédérique Molay, femme bien connue en Bourgogne, a d’abord consacré sa vie à la politique, vous savez celle avec un grand P : service public, Assemblée Nationale et collectivités territoriales… S’est-elle lassée de la médiocrité de certains acteurs ou a-t-elle croisé tant de personnages dérangés qu’elle a choisi de les mettre dans des romans, toujours est-il qu’elle se consacre maintenant entièrement à l’écriture et je ne vais pas m’en plaindre car chaque roman est un plaisir pour le lecteur…

Tout d’abord, saluons dans ce roman la qualité du scénario. Il arrive, parfois, que l’auteur parte dans ses grands délires en imaginant le crime le plus déjanté qui soit, le plus cruel et sanguinaire que l’on puisse imaginer… mais cela ne suffit pas à offrir un bon roman policier au lecteur ! Ici, le scénario est ciselé au millimètre, au mot près… Tout est calculé, envisagé, préparé, contrôlé et nous sommes manipulés de main de maître… La force du roman est étonnante et extraordinaire car imprévisible durant les trois quarts du roman… On imagine un tueur en série, un psychopathe comme on en croise souvent dans les séries de bas de gamme… Et, en fait,…

Pour un bon roman policier, une fois que l’on a mis en place le crime initial, il faut un bon enquêteur. Dans notre cas, il y a un certain Nico, le commissaire Sirsky. C’est indiscutablement le personnage central, mais il n’est pas unique et c’est probablement un des aspects importants de ce roman : il montre un travail d’équipe, de groupes. La police travaille très différemment des privés et c’est dans ce rôle d’équipe qu’on le perçoit le mieux… Encore un point qui rend crédible et réel ce roman.

Enfin, le fait de découvrir un cadavre par jour durant une semaine, donne un aspect thriller au texte. Les policiers subissent la pression, car chaque heure qui passe nous rapproche du meurtre suivant. C’est aussi chez le lecteur que la tension s’installe. Les cadavres s’enchainent et on ne voit toujours pas le début d’une piste solide…

J’ai dit, au début de cette chronique, que tout était imprévisible dans les trois quarts du roman… Seulement dans les trois quarts ? Je dis cela seulement parce qu’il y a aussi une histoire humaine, une histoire d’amour, dans ce texte et que cela laisse moins d’espace à l’improvisation. Le sentiment nait, s’installe, grandit, se révèle… et, vous verrez bien comment Frédéric Molay fait aboutir ces sentiments humains et profonds…

C’est un excellent roman policier que l’on prend plaisir à lire et je crois même pouvoir vous affirmer, par expérience, que c’est un polar que l’on eut relire avec curiosité bien que le suspense soit d’une nature différente. Comme il s’agit avant toute chose d’un roman, la seconde lecture fera la part belle aux personnages dans leur profonde humanité !