Steampunk, tome 1 : confessions d'un automate
de Fabrice Colin, Mathieu Gaborit

critiqué par Anonyme12, le 22 octobre 2013
( - 14 ans)


La note:  étoiles
Streampunk, un truc de ce genre
Chers happy few, c'est un roman qui flirte avec les codes du genre Fantasy, de l'uchronie et du roman victorien avec beaucoup d'humour. Pour ma part, une découverte du streampunk !

Nous sommes à Paris, en l'an 1899, dans un Paris victorien, décalé, et Margaret Saunders doit élucider la mort de son amie, retrouvée morte sur les marches de l'Opéra Garnier. Serait-elle tombée de l'aérocab ou l' y a t-on invitée ?

L' histoire débute (astucieusement) par une pièce de Shakespeare, dans une "ambiance" cotonneuse où l' on croise pêle-mêle des oiseaux métalliques, des montgolfières, fiacres et autres aéroscaphes.... circulant dans les airs au milieu de nuages d'éther. Pour tout dire, cela m'a rappelé l'univers futuriste de Luc BESSON, du " Cinquième Elément ".

Nous suivons donc l'héroïne qui rencontre un savant fou et son automate ou bien encore des politiciens chargés de sauver la Reine d'Angleterre. Non, vous ne rêvez pas, l'enquête qu'elle mène avec son demi-frère, médecin dans un asile d'aliénés, va les conduire jusqu'aux passages secrets de manufacture et aux mystères d'Angkor.... pour un final... cinématographique !

J' ai bien aimé la plume des deux auteurs, qui se révèlent talentueux, et, sans que l'intrigue soit d' une folle originalité , l' intérêt donné au décor et au destin de Margo , m'a tenu en éveil.

J 'ai été également impressionnée par la trame politique de ce livre et de cet univers minutieusement dépeint, celui d'un Paris fantasmé du XIXe siècle, au temps de l'Exposition Universelle.

La description des drôles de machines et le rythme du récit (comme si les personnages s'enfonçaient progressivement dans une jungle), nous emmène donc à des questionnements, comme la place accordée aux technologies et aux choix politiques qui en découlent:

C' est ainsi que l'opération militaire de lord Cecil aurait consisté à exhumer des corps , conservés dans l'éther et à placer les cerveaux des soldats morts dans celui des automates !

L'on retrouve d'ailleurs cette problématique dans une des aventures de Stéphane Clément (BD de CEPPI) que j'ai eu loisir de commenter, lorsque celui-ci fait allusion, de manière beaucoup plus subtile, aux manipulations génétiques.

Car , s''il y avait un petit bémol, il serait celui-là: les circonstances qui conduisent les personnages à vivre certaines situations sont parfois emmenées brutalement ou sont tirées par les cheveux ou par les boulons d'acier !

En page 192, le savant fou ,Posthumus, répond à Théo: "votre psychiatrie était impuissante, incapable de franchir les mailles de son cauchemar [de Margo] Pardonnez moi mais je crois que votre rôle se borne à observer".

Nous voilà donc avertis, pauvres lecteurs que nous sommes.

Pour résumer, c'est une bonne entrée en matière dans le genre streampunk, sympa, original, servi par un bon style d'auteur. A découvrir, à approfondir même. Notons les références littéraires qui ponctuent "les confessions ..." , comme Anna Karénine (!).