Correspondance 1939-1947
de Albert Camus, Pascal Pia

critiqué par Jules, le 21 mai 2003
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une correspondance des plus intéressantes !
Pia et Camus se sont connus et appréciés en Algérie avant la guerre. Quand celle-ci éclate, Camus est à Oran, alors que Pia est à Paris. Ce livre reprend la correspondance entre les deux hommes de 1939 à 1947.
C'est Pia qui aidera Camus à publier « L’étranger » ainsi que « Le mythe de Sisyphe » et « Caligula » Pour ce faire, il passera ces manuscrits à d’autres auteurs importants, comme Malraux, qui lui-même l'enverra à Martin du Gard. Il est intéressant de découvrir, dans une lettre de Pia à Camus, quel était l'avis de Malraux
sur « l’Etranger » Pia écrit et cite Malraux :
« J’ai lu d’abord « L’Etranger ». Le thème y est fort clair ; et il n’est clair dans « Caligula », je crois, que parce que « L'Etranger » l’a éclairé… « L'Etranger » est évidemment une chose importante. La force et la simplicité des moyens, qui finissent par contraindre le lecteur à accepter le point de vue de son personnage, sont d'autant plus remarquables que le sort du livre se joue sur son caractère convaincant ou non convaincant. Et ce que Camus a à dire, en convainquant, n’est pas rien. »
C’est Pia aussi qui fera entrer Camus dans la résistance, puis à la revue « Combat »
Au bas d'une lettre de Camus à Pia, datée du 26 décembre (1942), on découvre l'opinion de l’auteur pour sa première ébauche de « La Peste »… On ne peut être plus clair, il écrit : « P.S. La première ébauche de « La Peste » est terminée. Elle est moche. »
Les deux amis s’éloigneront l’un de l’autre en 1947 pour des raisons qui touchent à « Combat » et aux positions prises par ce journal lors de l’époque de grande opposition entre de Gaulle et les communistes. D’ailleurs Camus est provisoirement lassé par le journalisme et écrit à Pia pour le lui faire comprendre. Il écrit : « A mesure que les années passent et que le monde devient plus bête, je deviens de moins en moins capable d'à-peu-près. C'est sans doute que mon cœur vieillit. »
Et voilà les deux amis séparés et l’on pourrait dire « A leurs plus grands regrets » Pia écrira cependant encore à Francine Camus après la mort de l'auteur, mais il utilisera le « Chère ancienne amie »
Un livre qui donne un éclairage très intéressant sur Albert Camus.
Mais il nous donne aussi un éclairage sur cette période, ainsi que sur plusieurs grands auteurs de l’époque. Qu'ils donnent leurs opinions sur les livres de Camus ou pour d’autres choses.