Les Invasions barbares : Scénario
de Denys Arcand

critiqué par Libris québécis, le 19 mai 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
À père socialiste, fils néo-libéral
Les Invasions barbares, ce film de Denys Arcand, est en compétition en ce moment à Cannes. Je ne sais pas si les festivaliers vont l'apprécier. Ce film est accompagné du scénario publié chez Boréal.
Je trouve les films d'Arcand décevants. On dirait la démonstration d'un théorème, et particulièrement dans Le Déclin de l'empire américain. Le plus fatigant dans ses films, c'est l'aspect intello. Il situe ses films dans un cadre universitaire pour nous présenter la pensée qui a alimenté les philosophes des deux dernières décennies. Il veut bien nous montrer que ses personnages ne sont pas des ti-coons (fadas). Se servir de ce milieu pour donner de la crédibilité à une oeuvre me semble du «lèche-culisme» intellectuel. Il semble dire que l'on ne peut contester son discours puisqu'il se nourrit des grands penseurs comme Cioran, Marcuse et cie.
Son parti pris moral me fatigue aussi. Depuis Platon, on prédit le déclin de l'empire. Même ce savant philosophe se plaignait en son temps (400 ans av. J.C.) de la société. Je me souviens qu'il écrivait que les jeunes ne respectaient plus rien, même pas leurs parents. Arcand touche juste, mais son exaspération peut détourner le plus repentant des lecteurs. Il perçoit les siens comme portant des oeillères sur la réalité qu'ils vivent. Je veux bien le croire, mais il oublie les scintillements de la lucidité. Je me suis toujours méfié de ceux qui veulent éclairer notre lanterne. Ils l'allument souvent avec la bougie de leurs intolérances. Ce n'est pas l'impatience qui va pousser plus vite les terriens vers le meilleur des mondes. Avec lui, j'admets cependant que l'on se traîne les pieds en route.
Par contre, dans son dernier film, Arcand réussit à raconter une histoire. Dans Le Déclin de l'empire américain, il illustrait sèchement une pensée en se servant de l'humour pour faire passer la prédication. Il s'attaque ici à la mort et aux relations humaines qui ne sont guère plus vivantes. Il fait mentir le psychologue Guy Corneau en prouvant qu'un père manqué peut donner des enfants épanouis. Ce scénario s'humanise au moment de la mort du père. Mais les tenants de la vie à tout prix auront de quoi manifester. Cette histoire est touchante, un peu trop même. Sortez vos kleenex au cas où la lacrymale se dérèglerait.
Arcand en profite pour fesser à bras raccourcis sur la réalité québécoise : les soins de santé déficients, le syndicalisme, la religion, la drogue, le pouvoir de l'argent, tous ces barbares qui envahissent nos vies. Pour ce qui est du pouvoir de l'argent, l'illustration du sujet passe par le fils. C'est tartiné épais, mais c'est efficace. Il accourt auprès de son père pour lui apporter les consolations du néo-libéralisme. L'argent donne tout, même la paix de la conscience. C'est un discours ambigu et caricatural. On dénonce d'une part les dérives, mais d'autre part on apprécie celles qui font notre affaire.
L'oeuvre a une portée sociale évidente. Alain Finkielkraut a sûrement passé à Arcand son essai sur La Défaite de la pensée pour qu'il s'en inspire pour écrire ce scénario, mais le fil des coutures est plus visible que sur un jeans. C'est incroyable que l'on ait si peu confiance aux humains. Et ceux qui se donnent le rôle de Dieu pour les juger me font peur.
n'es pas le barbare qui l'on crois. 8 étoiles

Ce film qui est sorti il y a déja un bout de temps est une fantastique retrouvaille entre un fils et son père, mourant.
Leur dualité, partagée entre leur amour pudique et leur comptes qu'ils n'on pas réglé, est alors une succession d'affrontements directs et de réconsiliation.A voir absolument!

Légolas - - 40 ans - 22 février 2005